IRVING PENN,
IL N’Y A PAS QUE LA MODE… !
Je me suis souvent demandée « à quoi ressemblait Marcel Duchamp… »
« Marcel Duchamp » Irving PENN-New York (1948)-épreuve gélatino-argentique-
Grâce à Irving Penn, j’ai donc ma réponse.
I Irving Penn, célèbre pour ses photos de mode !
Irving Penn, photographe américain né en 1917, mondialement connu, est souvent considéré comme l’un des plus grands photographes du XXème siècle.
« CARL ERICKSON AND ELISE DANIELS » New York (1947)-
épreuve gélatino-argentique
Le Grand Palais organise, jusque fin janvier 2018, une imposante rétrospective, avec 235 tirages, du photographe américain. Pour la petite histoire et pour ceux qui aiment le cinéma, Arthur Penn (1922-2010) est son frère cadet. Il a notamment réalisé « Bonnie and Clyde » et « Little Big Man ».
Après la seconde guerre mondiale, le magazine Vogue est séduit par le dépouillement des photos de mode, par leur apparente simplicité, d’Irving Penn. Il est « lancé ». Sa notoriété ne le quittera plus jusqu’à sa mort, en 2009.
« Glove and Shoe »New York (1947)-Epreuve gélétino-argentique
Irving Penn avait un talent remarquable pour mettre en valeur la matière (tissu, peau…) grâce aux jeux d’ombre et de lumière, rendant ses photos de mode uniques et très belles. Je trouve leur esthétique magnifique, mais aussi assez froid.
« Locomotive Fireman »Londres (1950)
–Epreuve au platine-palladium 1967 – The Metropolitan Museum of Art, New York, achat,
The Lauder Foundation et The Irving Penn Foundation (2014)
A la demande de « Vogue », il photographie également « M. ou Mme tout le monde » (séries « Petits Métiers », « Noël à Cuzco »…) mais aussi des personnalités (Picasso, Hitchock, Duchamp…).
Picasso, par exemple, lui a donné du fil à retordre pour la photo ci-dessous.
« PABLO PICASSO A LA CALIFORNIE »Cannes (1957)-
Epreuve au platine-palladium
D’abord, il ne le laisse pas entrer, puis, après négociations, il lui accorde 10 minutes maximum. Puis Picasso refuse qu’Irving Penn lui dicte sa conduite, faisant « l’idiot » pour le déconcentrer !! A la fin de leur entrevue, Picasso se laisse aller quelques instants. Irving Penn saisit l’occasion qui s’offre à lui et réussit à saisir son œil noir qui vous transperce. Magistral !
Pour Iving Penn, peu importe la personne qui est derrière son objectif, qu’elle soit célèbre ou non. Chaque modèle est unique. Son professionnalisme ne varie pas. Il est depuis toujours fasciné par la peinture et la sculpture ; il a d’ailleurs étudié les beaux-arts, rêvant de devenir peintre !
II Irving Penn et les natures mortes
Tout au long de sa carrière de photographe, Penn a gardé l’empreinte de sa formation artistique. Il a un sens aigu pour la mise en scène des natures mortes, qui soulignent souvent les vanités humaines, qu’elles soient ordinaires ou mondaines.
« Three-Tiered Vessel (Cafetière à 3 étages) »,New York, 2007
Epreuve gélatino-argentique
Plus il avance dans sa carrière, plus le photographe américain apprécie cet exercice de style qui le change de la superficialité du monde de la mode.
En 1972, il commence la série « Cigarettes ». De façon générale, je ne suis pas très sensible aux natures mortes. Mais j’ai eu un gros coup de cœur pour cette série.
« Cigarette N°50 » New York (1972)
Epreuve au platine palladium (1982)
Depuis de nombreuses années, obsédé par ce symbole de la culture populaire, il collectionne des mégots, des paquets jetés à terre. Dans sa grange de Long Island, il tire d’immenses tirages platine de mégots ou paquets de Camel, Lucky Strike, Marlboro… Une œuvre abstraite qui rappellerait une colonne, un tas informe…s’offre à notre regard.
« Cigarette N°69 » New York 1972
Epreuve au platine palladium (1977)
Impossible de dire au premier coup d’œil qu’il s’agit d’un mégot ou d’une cigarette. J’aime cette ambiguïté qui transcende un mégot, objet pourtant dégoutant, pour ne pas dire révulsant.
Mais le volume est là, puissant, mis en valeur par un jeu d’ombres et de lumières, dosé avec subtilité. La matière tiraillée, tordue, attire notre regard…. J’aime la force qui irradie de ce bout de mégot.
L’exposition « Irving Penn »
Jusqu’au 29 janvier 2018
Galeries Nationales du Grand Palais
(Entrée Clemenceau)
Avenue du Général Eisenhower-75008 Paris
En liaison avec la Galerie de l’Angle
45 rue des Tournelles
75003 Paris