73ème billet | La collection de « Madame » au musée du Quai Branly

 

 

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 « Cimier Ciwara » Bamana  19è-début20è siècle

Malai, pays banama oriental

Bois

Collection particulière, Michigan

  

 

 

Helena Rubinstein (1870-1965), appelée « Madame », avait une sacrée personnalité ! Atout qui l’a certainement aidée à devenir l’une des femmes les plus riches du monde entre 1900 et 1965. 

 

Pour mieux saisir ce fort tempérament, allez admirer au Musée du Quai Branly une partie de sa collection : 60 pièces sont exposées jusqu’au 28 juin, sur les 400 qui la composaient. Elles reflètent son originalité et son instinct exceptionnel. Extrêmement intéressant !

 

 

 

 « MADAME », OU HELENA RUBINSTEIN, AU MUSEE DU QUAI BRANLY.

 

 

 

I MADAME

 

Helena RUBINSTEIN, l’ainée de huit filles, est née à Cracovie en 1870 dans une famille juive traditionnelle. Son prénom officiel est Chaja, qu’elle a vite transformé en Helena lors de sa traversée vers l’Australie, étape clé de son indépendance. 

 

Elle arrive en Australie en 1896. Une nuit d’insomnie, elle a une « révélation » : elle veut découvrir la « formule magique » des petits pots de crème que sa mère a glissé dans sa valise lorsqu’elle a embarqué pour le Nouveau Monde. Elle a remarqué combien les gens admirent la peau de son visage qui résiste si bien à la chaleur et à l’air sec. 

 

 

 

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Madame entourée d’une partie de sa collection.

 

 

A défaut de devenir médecin, son rêve de toujours, elle décide alors de travailler chez un pharmacien, chez qui elle pourra étudier des traités de cosmétique et ainsi découvrir le contenu de ses pots « magiques », pour ensuite l’améliorer.

 

Après deux ans passés au fin fond de la campagne australienne à se morfondre, elle file en 1902 à Melbourne où, avec quelques notions de marketing et de publicité, elle ouvre son premier institut de beauté. Fine mouche , elle est convaincue que la beauté est la clé de son avenir.

 

 

 

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Helena Rubinstein devant sa collection de portraits à New York. 

Dans les années 1960

 

Un peu nombriliste Madame !

 

 

 

Les ouvertures de salons s’accélèrent. En 1908, Madame inaugure son premier salon à Londres. Puis elle s’installe à Paris et à New York, où elles multiplient ses instituts de beauté. Pour diriger et contrôler son empire en pleine expansion, elle place ses « petites » sœurs dans les lieux stratégiques. 

 

Vingt ans plus tard, en 1928, elle vend sa branche américaine aux Lehman Brothers, qu’elle rachètera après la crise de 1929 sept fois moins cher. 

 

C’est le triomphe, la réussite sociale et financière est là ! Elle multiplie l’acquisition d’appartements somptueux à Paris, à Londres, à New York, mais aussi de bijoux et d’œuvres d’art. En dépit d’un emploi du temps surchargé, elle est une collectionneuse aussi effrénée qu’avisée.

 

 

 

 

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« Charles Edenshaw (1834-1924) artiste Haïda – Fin 19ème siècle

Canada, Colombie britannique

Partie antérieure de cimier

Bois d’érable, pigments, coquilles d’ormeau

Brooklyn Museum, New York

 

 

 

II LA COLLECTION DE MADAME

 

 

Sa passion pour l’art a vraiment débuté à Paris en 1908. Avec un flair étonnant, cette entrepreneuse qui a fait le tour du monde a un coup de foudre pour l’art africain, cet art « barbare ». On la voit arpenter l’hôtel Drouot, où elle réalise ses premiers achats de masques et d’idoles. 

 

Grâce à ses importants moyens financiers, elle a rassemblé tout au long de sa vie une collection d’œuvres non-européennes de plus de 400 pièces, principalement des arts de la sculpture issus d’Afrique, mais aussi du Canada (photo ci-dessus), du Mexique (dernière photo), ainsi que des peintures et des sculptures de la modernité. Pour les choisir, seul l’élan de son cœur la guidait.

 

 

 

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« Masque de protection Dan-Ngere »

Côte d’Ivoire, région de Danané – 19ème siècle

Bois, fibres végétales, crins

Collection Marc Ladreit de Lacharrière, Paris

 

 

 

  

 

Madame est séduite par les formes ambigües. « Masque de protection Dan-Ngere » (photo ci-dessus) en est un bel exemple. Ce petit masque énigmatique, avec sa bouche tubulaire garnie de crins et son faciès ponctué de perforations qui le rendent presque immatériel, évoque sans doute un esprit de la nature. Son étrangeté délicate et puissante, l’équilibre entre formes pures et détails singuliers ont certainement retenu son attention.  

 

 

 

 

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« Volet de porte Baoulé » 

Côte d’Ivoire 19ème siècle, début du 20ème siècle

Bois pigments

Collection particulière, Pays Bas

 

 

Sa collection comportait quelques beaux exemples de porte senoufo ou de volets Baoulé. Le motif en haut relief répond aux canons des masques  et de la statuaire de l’iconographie baoulé, et fait écho à d’autres objets de la collection (tambour, marteau à musique, masques et statues) où dominent des formes archétypales de visage ou de tête d’animal.

 

Ce volet de bois (photo ci-dessus) a été revendu à New York, lors de la vente Parke-Bernet, en 1966, comme de nombreux autres objets de la collection de Madame, un an après sa mort.

 

 

 

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« Chaise de chef Tchokwe » 19ème siècle 

République démocratique du Congo/Angola

Bois, métal, peau

National Museum of African Art, Smithsonian institution, Washington D.C.

Don Ruth et Paul Tishman, 1981

 

 

Le mobilier traditionnel africain (sièges bas, trônes, tabourets) ornait le salon africain du 24 quai de Béthune. Helena Rubinstein y disposait des vases de fleurs, d’autres objets africains, son téléphone. Elle s’en servait comme des tables basses.

 

Cette chaise Tchokwe (photo ci-dessus), d’inspiration européenne par sa construction, avec son dossier imagé et ses traverses, répondait parfaitement au goût de Madame, apportant la touche complémentaire nécessaire  à l’univers exotique de ce salon, où elle aimait recevoir amis, connaissances et journalistes, et se mettre en scène en tant que maîtresse, raffinée et cultivée, des lieux. 

 

 

 

 

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« Tête d’homme souriant Totonaque » Terre cuite

 

Mexique, Veracruz-Vers 600-900 après JC

Brooklyn Museum, New York, don de la princesse Gourielli (Mme Helena Rubinstein)

 

 

 

Elle disait d’ailleurs, sans complexe, « J’aime mon propre goût, qu’il soit bon ou mauvais ». Pour exposer sa collection d’art « barbare » elle avait l’embarras du choix entre ses appartements de New York, Londres et Paris et ses demeures dans les campagnes environnantes de ces trois grandes villes. Mais l’endroit, disait-elle, où elle se sentait « le mieux au monde » est à Paris, au 24 Quai de Béthune. 

 

 

Il y a juste un an, le musée d’art et d’histoire du Judaïsme inaugurait l’exposition « Helena Rubinstein. L’aventure de la Beauté ». Et maintenant c’est le Quai Branly qui se penche sur la destinée hors pair de cette femme en présentant jusqu’au 28 juin prochain certaines pièces de sa collection d’art « barbare ».

 

Indéniablement, la petite Chaja RUBINSTEIN a eu une destinée incroyable ! D’autant plus fascinante, que sa vie s’est déroulée à une époque où ce type de destin était impensable pour les femmes.

 


 

-Points forts de cette expo

*Vous appréciez l’art africain, allez-y sans hésiter pour admirer ces belles pièces.

*Cette exposition permet de faire connaissance avec Madame en quelque sorte.

 

-Points faibles :

*J’aurai apprécié qu’il y ait plus de pièces présentées.

*J’ai toujours beaucoup de mal avec la profonde obscurité du musée du Quai Branly. Lugubre !!

 


 

 

 

POUR EN SAVOIR PLUS :

 

L’EXPOSITION 

« HELENA RUBINSTEIN-LA COLLECTION DE MADAME »

Musée du Quai Branly

Jusqu’au 28 juin 2020

www.quaibranly.fr

 

 

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