« Extra-Natural » Miguel CHEVALIER 2018 (photo 1)
Œuvre de réalité virtuelle générative et interactive
(Logiciels : Cyrille Henry & Antoine Villeret-Production technique : Voxels Productions)
L’EXPOSITION « ARTISTES ET ROBOTS » : JE L’AIME UN PEU, BEAUCOUP, ….., PAS DU TOUT !
Jusqu’au 9 juillet, vous pouvez aller voir au Grand Palais l’exposition « Artistes et Robots ». Un robot peut-il créer une œuvre d’art ? Voilà la question de fond de cette exposition, en plein dans l’actualité alors que le débat sur l’intelligence artificielle interpelle la société française.
« Astana Columns » Michael HANSMEYER 2017 (photo 2)
20 000 feuilles de papier carton découpées au laser, 300 cm de haut, dimensions variables des colonnes.
Si vous y allez, je serai très curieuse de connaître vos réactions : francescasculpte@gmail.com ! De mon côté, j’ai été assaillie par des sensations contradictoires : les premières salles, très ludiques, m’ont beaucoup amusée ; ensuite, j’ai été fascinée car je plongeais dans un univers inconnu souvent séduisant. Et pour finir, j’ai parcouru les dernières salles à vive allure, une profonde exaspération m’envahissant ….peut-être parce que je n’ai pas tout saisi !!
TRES AMUSANT !
Les premières salles sont consacrées au développement des nouvelles technologies avec l’utilisation de machines qui donnent un nouvel élan à la création. J’ai eu l’impression de me retrouver enfant au pied du sapin de Noël, les yeux écarquillées et m’amusant beaucoup. Voilà quelques exemples.
1950 sonne l’arrivée des machines. L’artiste Jean Tinguely (1925-1991), crée ses premières machines, les Méta Matic (photo 3 ci-dessous). Dotées d’un moteur, elles sont des sculptures capables de dessiner. Elles désacralisent ainsi le geste de l’artiste.
« Méta Matic N°6 » Jean TINGUELY 1959 (photo 3)
Trépied en fer, éléments en tôle, roues en bois, courroies en caoutchouc, baguettes métalliques, ensemble peint en noir, moteur électrique (51x85x48cm)
« Mon problème est uniquement de m’adonner à une construction complètement folle et libre. » précisait l’artiste suisse qui soulignait que l’abandon volontaire dans la fabrication et l’imprévisibilité du résultat restituaient à l’œuvre sa part d’humanité. Bravo au précurseur !
Quelques années plus tard, et quelques salles plus loin, l’artiste portugais, Leonel MOURA (né en 1948), travaille sur la robotique et l’intelligence artificielle. Il a conçu un « zoo de robots » (photo 4 ci-dessous), Robotarium X, qui réalisent devant les visiteurs des grands tableaux dont la touche finale est impossible à déterminer à l’avance. Démarche comparable à celle de Tinguely.
«Robot Art » Leonel MOURA 2017 (photo 4)
Essaim de robots et peintures, dimensions variables
Dotés d’un petit « cerveau », ces robots (sorte de mini voitures tamponneuses…) exécutent des algorithmes inspirés des modèles comportementaux observés dans une colonie de fourmis…Il fallait juste y penser !
Enfin le travail de Miguel CHEVALIER, né en 1959 à Mexico (Mexique), est un bel exemple de l’art virtuel et numérique. Pionnier en la matière, cet artiste français utilise l’informatique depuis 1978. « Extra-Natural » (photo 1 et photo 5) est un nouveau jardin virtuel interactif qui confronte le public à une nature numérique réinventée. Sur un mode poétique et métaphorique, cette œuvre explore le lien entre nature et artifice. Somptueux !
« Extra-Natural » Miguel CHEVALIER 2018 (photo 5)
Œuvre de réalité virtuelle générative et interactive
(Logiciels : Cyrille Henry & Antoine Villeret-Production technique : Voxels Productions)
Ce jardin est donc composé de fleurs imaginaires aux formes stylisées qui ne rentrent pas dans les classements botaniques. La danse virevoltante de ces plantes luminescentes, légères et fluides, aux couleurs éclatantes, ainsi que des herbacées aux longues feuilles translucides est très belle. J’aurai pu rester des heures à les regarder évoluer, car, grâce à des capteurs, chacune de ces fleurs réagit au passage des visiteurs se courbant sous l’effet du vent. Tout l’intérêt de ce travail réside dans l’utilisation d’algorithmes qui permettent de créer une vie artificielle animée par des effets de croissance, de prolifération et de disparition. Ainsi les fleurs évoluent à l’infini : impossible de résister à l’envie de passer et repasser à proximité des capteurs pour les animer.
UNE CERTAINE FASCINATION
« Les Pissenlits » (photos 6 et 7 ci-dessous) ont été imaginés par deux artistes français, Edmond COUCHOT (1932) et Michel BRET (1941), pionniers de l’art numérique en France. Et souffler sur des pissenlits pour les faire vivre est bien sûr amusant, mais surtout fascinant.
« Les Pissenlits » 1990-2017
par Edmond COUCHOT (né en 1932) et Michel BRET (né en 1941) (photo 6)
Installation interactive en temps réel.
Nos deux artistes ont imaginé cette œuvre novatrice en 1990 : il s’agit d’une installation de réalité virtuelle interactive, entre le regardeur (peut-être bientôt vous) et l’œuvre ; le premier permettant à cette dernière de prendre vie grâce à son souffle.
« Les Pissenlits » 1990-2017
par Edmond COUCHOT (né en 1932) et Michel BRET (né en 1941) (photo 7)
Installation interactive en temps réel.
La force du souffle du visiteur (voir la photo 7 ci-dessus) crée une brise virtuelle qui permet aux pissenlits de s’éparpiller. Lorsque vous soufflez, un capteur qui fait face à la projection le saisit, et vous fait interagir avec l’image en fonction de la force de votre souffle. Les akènes des pissenlits se détachent et s’envolent au hasard du souffle puis retombent doucement, et attendent le prochain souffleur. Juste sublime pour le regard !
« Dessiner le non-dessinable » voilà l’objectif de Michael HANSMEYER (né en 1973), artiste allemand, architecte et programmateur de formation, grâce aux algorithmes qu’il a écrit.
« Astana Columns » (Gros Plan) Michael HANSMEYER 2017 (photo 8)
20 000 feuilles de papier carton découpées au laser, 300 cm de haut, dimensions variables des colonnes.
« Astana Columns »,(photo 2 et 8 ci-dessus), installation incroyable et très belle, a pour base une colonne dorique. Pour sa réalisation, l’artiste allemand a découpé au laser 20 000 feuilles de papier carton. Les formes qui en découlent sont composées de plusieurs millions de facettes, qu’il est impossible de dessiner à la main. Il en résulte une série de colonnes toutes distinctes les unes des autres, mais avec une forte cohésion d’ensemble. Un gros coup de cœur dans un monde de science-fiction !
Je ne vous parlerai pas de la fin de l’exposition parcourue au pas de course parce que je saturais ! J’ai néanmoins retenu que l’être humain ne devrait pas trop se faire de soucis car on aura toujours besoin de lui pour la création artistique. Et que l’association des intelligences humaine et artificielle a un bel avenir en perspective.
Exposition « Artistes et Robots »
Jusqu’au 9 juillet
Grand Palais (Entrée Clémenceau)