« Femme nue allongée vue de dos » vers 1824-1826-Huile sur toile (33×49,5 cm) (photo N°1)
Collection particulière
L’EXPOSITION EUGÈNE DELACROIX, INCONTOURNABLE !
J’ai toujours été impressionnée par la maitrise et la puissance du travail de Delacroix.
Et pourtant je n’ai jamais aimé ses œuvres.
Je les trouve trop envahissantes, trop grandes, trop mélodramatiques, trop marquées, et au final trop …ennuyantes.
Bref, trop de TROP !!!
En dépit de tout cela, je vous recommande chaleureusement d’aller voir l’exposition Eugène Delacroix au Musée du Louvre (jusqu’au 23 juillet). Si ce n’est pas déjà fait !
« Louis d’Orléans montrant sa maîtresse » 1825-Huile sur toile 35,2×26,8cm
(photo N°2)
Madrid, Musée Thyssen-Bornermisza
Sur les 180 œuvres accrochées (toiles, estampes, dessins…), nombre d’entre elles, souvent moins connues, viennent de l’étranger… Une belle occasion de les découvrir, mais aussi de saisir un aspect méconnu – pour moi, en tout cas – de cet artiste. J’ai choisi de m’arrêter sur quelques toiles, mon œil ayant été, en quelque sorte, happé par leur « présence ».
Dans les années 1825, Delacroix (1798-1863), principal représentant du romantisme dans la peinture française, devait se sentir d’humeur sensuel. Il avait 25 ans, ce n’est guère étonnant.
La toile « Louis d’Orléans montrant sa maîtresse » (photo N°2 ci-dessus), exposée au Musée Thyssen à Madrid, m’a notamment séduite par sa petite taille, peu habituelle chez notre artiste. Elle m’a aussi beaucoup amusée, car sa légèreté anecdotique et coquine diffère du style habituel de Delacroix.
On voit le duc d’Orléans qui dévoile les charmes de sa maîtresse à son chambellan, en lui révélant son corps mais en cachant son visage. Et pour cause, il s’agit de son épouse !
« Charles VI et Odette de Champdivers » vers 1825-Huile sur toile (35,5×27,3cm)
(Photo N°3)
Mexico, Collection Perez-Simon
« Charles VI et Odette de Champdivers » (photo N°3-ci-dessus), peinture également de petite taille et qui vient du Mexique, est aussi d’humeur badine. Odette de Champdivers, maîtresse du roi de France, Charles VI, était aussi appelée la « Petite Reine ».
Enfin « Femme nue allongée vue de dos » (photo N°1 ci-dessus), en provenance d’une Collection particulière, m’a touchée par sa sobriété et le mystère qui l’entoure. Les courbes sont belles et on ne voit pas le visage du modèle.
« Cléopâtre et le paysan » 1838-Huile sur toile (97,8×127,7cm) (Photo N°4)
Chapel Hill, Ackland Art Museum, The University of North Carolina
Pour les spécialistes, « Cléopâtre et le paysan » réalisé en 1838 (photo N°4 ci-dessus) souligne « qu’une nouvelle influence artistique est désormais à l’œuvre …. Le clair-obscur qui modèle vigoureusement les figures sur un fond brun, le cadrage à mi-corps rendent sensibles une orientation nouvelle de Delacroix en direction des peintures caravesques du XVIIème siècle » Extrait p. 162 de l’album de l’exposition « Delacroix ». Cléopâtre, avec son expression attentive, son regard fixe et perçant, et la lumière qui l’irradie, exprime sa puissance.
« Cavalier arabe attaqué par un lion » 1849-1850 Huile sur bois (43,8×38,1cm)
(Photo N°5)
Chicago, The Art Institute of Chigaco
Cette toile « Cavalier arabe attaqué par un lion » (photo N° 5 ci-dessus) va constituer le modèle de base (chasseur, cheval, fauve) à partir duquel Delacroix effectuera durant les années 1850 des développements et des variations sur le thème de la chasse aux fauves.
Dix ans plus tard, il a réalisé « Chevaux sortant de l’eau » (photo N°6 ci-dessous) en souvenir d’un voyage entre Tanger et Meknès, au Maroc, où l’artiste vit des chevaux traverser un fleuve.
« Chevaux sortant de l’eau » 1858-1860-Huile sur toile (51,4×61,6cm)
(Photo N°6)
Washington, The Phillips Collection
Toujours selon les spécialistes, « la scène est située sur la plage normande, comme le trahit la pointe de la barque échouée …. On reconnait à l’arrière-plan une vue de la côte verdoyante du pays de Caux, entre Dieppe et Fécamp. » Extrait de l’Album de l’Exposition Delacroix, p. 291.
On est loin des paysages marocains…. peu m’importe, car mon regard a été fasciné par la prestance extraordinaire de ces deux chevaux. On les entend s’ébrouer et piaffer. Et leur corps, tout en muscles, est extraordinaire.
Et pour terminer, ces deux peintures « Christ à la colonne » (photos N° 7 et N°8 ci-dessous) réalisées à trois années d’intervalle. Elles m’ont bien sur interpellée par leur ressemblance. Présentées, côte à côte, j’ai passé un long moment à les comparer (Comment ne pas penser au jeu des « Différences » ?).
« Christ à la colonne » vers 1849- Huile sur toile (35,7×27,3cm)
(Photo N°7)
Ottawa, National Gallery of Canada
Je préfère la première peinture de 1849 avec l’omniprésence du visage du Christ. Ce visage exprime sa souffrance, toute en humanité. Mais on sent également sa solitude, avant l’épreuve de la crucifixion.
« Le Christ à la colonne » 1852-Huile sur toile (40×32 cm)
(Photo N°8)
Dijon Musée des Beaux-Arts
La seconde version a perdu, il me semble, une partie de sa force spirituelle. Ce tableau est plus sombre et le rouge du linge est atténué. Peut-être pour accentuer le côté dramatique de la situation. Tandis que la lumière dans la première version apporte une note d’espérance.
Je suis allée voir cette exposition « par devoir », en quelque sorte. Et j’en suis ressortie contente d’avoir fait « mon devoir », mais surtout ravie d’avoir eu la révélation d’un « autre » Delacroix !
Exposition Eugène DELACROIX
Musée du Louvre à Paris – Jusqu’au 23 Juillet
https://www.louvre.fr/expositions/delacroix-1798-1863