63ème billet | Greco au Grand Palais | FRANCESCARTS

« Jeune garçon soufflant sur une braise » vers 1570-72 (Photo 1)

Huile sur toile (60,5×50,5cm) Naples, Museo di Capodimonte

63è billet – GRECO, portraitiste, au Grand Palais

Je ne suis pas vraiment une « fan » des œuvres d’art sacré de GRECO, que je trouve sinistres et qui ne me parlent pas ! Rares sont celles qui me touchent. Alors je fus ravie de découvrir ses portraits magnifiques de personnages de la vie religieuse ou de la vie civile.

« Saint Luc » vers 1605-Huile sur toile (98x72cm) (Photo 2)

Tolède cathédrale

Ses portraits sont saisissants de psychologie, tant ils reflètent avec force la personnalité du modèle. L’envie d’entamer une conversation avec l’individu accroché au mur, là devant moi, m’a taraudée à plusieurs reprises. Sacré portraitiste ce GRECO !

« Portrait d’un gentilhomme de la maison de Leiva » vers 1580 (Photo 3)

Huile sur toile (87,8×69,5cm)-Montréal, Musée des Beaux Arts

Domenikos Theotokopoulos (dit GRECO) est né en 1541 à Candie, aujourd’hui Heraklion, en Crète, dans une famille de grecs orthodoxes.

En 1567, GRECO, arrive d’abord à Venise -assez logique en venant de Crête- avant de s’installer à Rome en 1570. En 1572, il rejoint la guilde des peintres de Saint-Luc et ouvre un atelier.

« Portrait d’Antonio de Covarrubias y Levia » vers 1597-1600 (Photo 4)

Huile sur toile (68x58cm)-Paris, Musée du Louvre

J’ai toujours eu un faible pour les évangiles de St Luc qui me « parlent ». Le portrait de Saint Luc (photo 2 ci-dessus) a été pour moi l’occasion de faire plus ample connaissance avec ce disciple. Sur cette toile, je vois un homme humble et doux. Ses yeux noirs perçants nous traversent et regardent bien au-delà de nos petites préoccupations terrestres….

La jolie figure féminine de « Sainte Marie Madeleine pénitente » (photo 5 ci-dessous) tranche agréablement dans cet univers de portraits presque exclusivement masculins.

« Sainte Marie Madeleine pénitente » vers 1584 (Photo 5)

Huile sur toile (108×101,3cm)-Worcester, Worcester Art Museum

Dès sa période romaine (1570-1576), GRECO a déjà une solide réputation de portraitiste. Réputation qui se confirmera au fil des années à Tolède. Ville où il aura d’ailleurs un fils en 1578, Jorge Manuel, qui sera son élève et poursuivra le travail de son père.

« Saint Martin et le pauvre » 1597-1599 (Photo 6)

Huile sur toile (193,(x&à »cm) Washington, National Gallery of Art

J’ai pilé net devant « Saint Martin et le pauvre » (photo 6 ci-dessus), qui représente un jeune gentilhomme engoncé dans une armure flamboyante en train de faire la charité. Comment ne pas immédiatement penser au « Jeune garçon au cheval » de Pablo PICASSO (photo 7 ci-dessous) ? Saisissant, en dépit de thèmes différents.

« Jeune garçon au cheval » 1906 Pablo PICASSO (photo 7)

Huile sur toile (220x130cm)-New York, Museum of Modern Art

Et pour finir ce remarquable portrait du cardinal Nino de Guevara réalisé vers 1600. Aristocrate mais aussi prince de l’Eglise, le voilà Cardinal en 1596 avant de devenir en 1601 archevêque de Séville. Diplomate et homme d’Etat, il représente aussi l’inquisition en Espagne depuis 1599 !

« Portrait du Cardinal Nino de Guevara » vers 1600 (Photo 8)

Huile sur toile (171x108cm)-New York, The Metropolitan Museum of Art

J’adore les contrastes entre la couleur pourpre de la robe, les dorures des motifs géométriques et le bois de la porte. Ses deux mains me fascinent : la droite, très détendue, et la gauche crispée sur le bras du fauteuil, qui en dit long sur la poigne de fer du cardinal. Statut social oblige, son Éminence pose assise (et non debout). Enfin, ses petites lunettes noires rondes, très « fashion », soulignent son regard….inquisiteur.

Un véritable coup de cœur pour ce portrait !

Pour ceux qui apprécient GRECO, cette exposition est à voir. Et si comme moi, vous n’êtes pas « fan », allez-y pour les portraits. Certains sont splendides.