« Henri de Toulouse-Lautrec par lui-même » vers 1880
(Huile sur toile 43,5×35,5cm) Albi, musée Toulouse-Lautrec (photo 1)
Belle exposition ! Certainement une des incontournables de cet automne à Paris. Mais tout ne m’a pas enthousiasmée.
TOULOUSE-LAUTREC EST AU GRAND PALAIS
« Quand on pense que je n’aurai pas été peintre si mes jambes avaient été un peu plus longues ! » Henri de Toulouse-Lautrec.
Ce qui aurait été bien regrettable, car quel talent ! Mais je n’apprécie pas tout son travail pour autant.
“Carmen Gaudin” 1885 (Huile sur bois)
Washington, National Gallery of Art, Ailsa Mellon Bruce Collection (photo 2)
Henri de Toulouse-Lautrec-Monfa (TL) est né en 1864 à Albi au sein d’une des plus vieilles familles de la noblesse française, de surcroit très fortunée. Il grandit donc dans un milieu social privilégié, où la culture, le sport, l’érudition et les traditions règnent en maîtres. Développant très tôt un goût marqué pour le dessin, il est encouragé sur cette voie par certains membres de sa famille. TL est en effet atteint d’une maladie génétique, la dystrophie.
Cette maladie freine la croissance de ses membres, alors que ses mains sont gigantesques, son crâne mal formé et son visage disgracieux. A cela il faudra ajouter plus tard son alcoolisme.
“Carmen en caraco blanc” 1887 (Huile sur toile)
Boston, Museum of Fine Arts Legs de Mr John Spaulding (photo 3)
Cette maladie (j’ai appris qu’il en était atteint à l’occasion de cette exposition) est une clé fondamentale, à mon sens, pour mieux comprendre l’évolution de sa créativité liée à sa passion pour Montmartre et autres divertissements parisiens de la fin du 19ème siècle.
En 1878, puis en 1879, il se casse les jambes, fragilisées par la dystrophie. Il en profite pour essayer l’aquarelle, le pastel, l’encre….Son style s’affirme, marqué par la ligne et la synthèse.
“Femme rousse en caraco blanc” 1889 – Huile sur toile (60,5×50,3cm)
Madrid, Museo Thyssen Bornemisza (photo 4)
En 1882, il entre dans l’atelier de Léon BONNAT à Paris, avant de s’engager dans celui de Fernand CORMON où il rencontrera Emile BERNARD et VAN GOGH.
Et voilà TL artiste ! Logiquement, tout le prédestine à devenir un portraitiste de talent. Ce qu’il va être un temps, réalisant de nombreux portraits dans un environnement intimiste. Il cherche à « déceler le caractère particulier de chaque être ».
« Femme rousse assise » 1889
Huile sur toile (65x54cm)-Collection Nahmad (photo 5)
Les membres de sa famille lui servent de modèle, ainsi que les femmes de son entourage. TL n’apprécie pas les modèles professionnelles car il n’arrive pas à saisir leur personnalité. Il représente généralement les femmes en buste, assises. Comme Carmen Gaudin, dont j’ai adoré les différents portraits (photos 2-3-4 et 5).
« Portrait du Dr Henri Bourges » 1891
Huile sur carton monté sur panneau (1,05×0,76m)
Pittsburgh, Carnegie Museum of Art, acquisition grâce à la générosité de la générosité de la famille Sarah Mellon Scaife (photo 6)
Les hommes, TL les représente en pied, portant beau avec une moustache, généralement vêtus d’un pardessus et d’un chapeau haut de forme, de gants, d’une canne, et très surs d’eux (photo 6).
A partir de 1885, Montmartre marque définitivement l’évolution de son style, qui devient de plus en plus en provocant. Mais aussi de sa vie …. qui suit la même évolution.
« Yvette Guilbert » 1894 – Projet d’affiche, Huile sur carton (184x92cm)
Albi, Musée Toulouse Lautrec (photo 7)
« A Montmartre, il n’était pas un garçon de café, pas un maître d’hôtel, pas une femme, qui ne connût le nain difforme dont la générosité était proverbiale ». « L’Echo de Paris » du 10/9/1901
TL arpente les cafés concerts -Le Moulin Rouge qu’il affectionne particulièrement- les bars, les cafés des quartiers de l’Opéra et de la Madeleine, les théâtres en tous genres, mais aussi les cirques (Cirque d’Eté, Cirque d’Hiver…).
Il en profite pour réaliser des programmes, des affiches et ses fameuses lithographies, qui personnellement ne me touchent absolument pas. Peut-être à force de les avoir trop vues ?
« Messaline descend l’escalier bordé de figurants (L’Opéra « Messaline » à Bordeaux)-1900-1901 – Huile sur toile (1×0,72m) (photo 8)
Los Angeles, County Museum of Art, LACMA- Mr and Mrs George Gand De SylvaCollection
Les peintures de TL consacrées aux maisons closes et aux prostituées sont incroyables de puissance et impitoyables de réalisme pathétique.. Elles racontent le quotidien et l’intime de ces femmes « de joie » mis en valeur par la touche rapide et nerveuse de l’artiste. Impossible d’être indifférente. « Femme qui tire son bas » (photo 9) m’a subjuguée. Peut-être parce qu’il y a encore une certaine fraicheur dans le modèle ?
« Femme qui tire son bas » 1894 Détail huile sur carton (58x43cm)
Albi, Musée Toulouse Lautrec (photo 9)
En même temps, mon regard de femme ressent un profond malaise face au destin de ces pauvres créatures, écrasées par la fatigue, la lassitude, la soumission, la mélancolie ?
Et je me suis posée la question : Qui était vraiment TL ?
En apprenant qu’il était handicapé et difforme, je suis convaincue que j’ai au moins une partie de la réponse à cette interrogation.
Toulouse-Lautrec meurt, syphilitique et alcoolique, en septembre 1901 dans les bras de…. sa mère, qui lui est toujours restée fidèle.
POUR EN SAVOIR PLUS :
« Toulouse-Lautrec Résolument Moderne »
Grand Palais (Entrée Square Jean-Perrin)
Jusqu’au 27 janvier 2020
Je profite de ce billet pour (re)dire à vous tous qui êtes passés à la galerie voir mes sculptures, combien j’ai été touchée par votre présence et vos encouragements !
