Si vous aimez les peintres naïfs, n’hésitez pas à vous rendre au Musée Maillol. J’y suis allée sans conviction et par curiosité. J’en suis ressortie toujours pas convaincue.
« La Grosse Fermière sur son échelle » 1935 Camille BOMBOIS (1883-1970)
Huile sur toile (100×81 cm) – Courtesy galerie Dina Vierny, Paris (Photo 1)
LES PEINTRES NAÏFS AU MUSEE MAILLOL.
Le titre de cette exposition, « Du DOUANIER-ROUSSEAU à SERAPHINE – Les grands maitres naïfs » résume bien cet univers artistique. Wilhelm Uhde et Dina Vierny ont été les principaux soutiens en France des peintres « naïfs » du début du XXème siècle.
Pourquoi « naïfs » ?
Je laisse la parole aux deux commissaires de l’exposition, Alex Susanna et Jeanne-Bathilde Lacourt (Numéro spécial de Beaux-Arts magazine-p 4) :
« Il n’y a pas de programme naïf, pas de groupe, pas d’école ; un simple rassemblement de personnalités qui traversent une époque …. Nous sommes persuadés que ce terme est inexact et trop vague, mais d’un autre côté, c’est le seul qui évoque quelque chose aux visiteur…. ».
« Préparation pour le bain » 1930 Camille BOMBOIS (1883-1970)
Huile sur toile – Courtesy galerie Dina Vierny, Paris (Photo 2)
Alex Susanna et Jeanne-Bathilde Lacourt rappellent qui sont, de façon générale, ces peintres naïfs :
« …Ces artistes sont généralement autodidactes, n’ont pas nécessairement de parcours académique, ne se sont pas inscrits dans un mouvement, n’ont publié ni programme, ni manifeste…. Ils ont suivi généralement des parcours isolés et souvent tardifs….. Ils peignaient la nuit ou le dimanche, d’où l’appellation « peintres du dimanche », parce qu’ils avaient besoin, parallèlement, de gagner leur vie..… »
« Fillette à la poupée » 1925 Camille BOMBOIS (1883-1970)
Huile sur toile (55 x 46,5cm)
Collection particulière (Photo 3)
Aujourd’hui, seuls Le DOUANIER ROUSSEAU et SERAPHINE de Senlis, dont le travail très fouillé me laisse de marbre, bénéficient encore d’une belle notoriété.
De son vivant Le DOUANIER ROUSSEAU (1844-1910) est largement moqué pour son style enfantin, ce qui ne l’empêche pas de vendre un certain nombre de peintures à des connaissances.
« Portrait de l’artiste à la lampe » 1902-1903 Le Douanier Rousseau (1844-1910)
Huile sur toile (23 x 19 cm)-Coll. Musée National Picasso, Paris (Photo 4)
A la fin de sa vie, quelques critiques positives se font entendre, principalement de la part des surréalistes. En contemplant son « Portrait de l’artiste à la lampe » et « Portrait de la seconde femme de l’artiste» (photos 4 ci-dessus et 5 ci-dessous), j’ai été frappée par leur « présence » imposante.
« Portrait de la seconde femme de l’artiste » 1903
Le Douanier Rousseau (1844-1910)
Huile sur toile (23×19 cm) – Coll. Musée National Picasso, Paris (Photo 5)
Au début du vingtième siècle, d’autres peintres « naïfs » bénéficient d’une belle visibilité.
« Autoportrait » de Jean EVE (1900-1968) est un des rares tableaux de l’exposition que j’ai contemplé un moment (photo 6 ci-dessous). Peut-être est-ce son regard calme, clair et froid qui m’a transpercée ? Ou l’harmonie grisée entre ses yeux, le ciel et le col de sa chemise ? A 24 ans, il va voir l’exposition COURBET à Paris. Le choc est tel qu’il ressent le besoin impératif de peindre. Tout au long de sa vie, il parviendra à concilier son travail à l’usine et sa passion pour la peinture. A partir de 1920, la reconnaissance et les expositions sont au rendez-vous.
« Autoportrait » 1926 Jean EVE (1900-1968) – Huile sur toile (80 x 60 cm)
Courtesy galerie Dina Vierny, Paris (Photo 6)
Dominique PEYRONNET (1872-1943), bordelais d’origine, travaille comme compagnon dans l’imprimerie, spécialisé dans la lithographie des couleurs. A partir de 1902, le voilà muté à Paris. Tous les étés, il part à Villers-sur-Mer où il contemple les vagues dont les nuances colorées le fascinent et l’insipirent (photo 7 ci-dessous). En 1920 il prend sa retraite et décide de peindre à temps plein. Son style s’affirme et se caractérise par ses milliers de petites touches. Il est présent dans plusieurs salons et expositions.
« Immensité bleue » 1943 Dominique PEYRONNET (1872-1943)
Huile sur toile – Collection particulière (Photo 7)
André BAUCHANT (1873-1958) aussi appelé « peintre jardinier » est amoureux de sa Touraine (photo 8 ci-dessous). Le Corbusier lui achètera sa première toile, l’aidera ensuite à être reconnu. Sa sensibilité et sa fraicheur spontanées, libérées des grandes interrogations intellectuelles, ne m’ont pas laissée indifférente. Il est présent dans de grandes expositions, une rétrospective lui est consacrée en 1949, et sa renommée parvient jusqu’aux Etats-Unis.
« Portrait d’André BAUCHANT par lui-même » 1938
André BAUCHANT (1873-1958 )
Huile sur toile (197 x 191 cm) Courtesy Suzanne Zander, Bönningheim (Photo 8)
Et pour finir Camille BOMBOiS ! « Préparation pour le bain » (photo 2) et « Fillette à la poupée » (photo 3), qui est l’affiche de l’exposition, expriment bien son travail.
Mais « La grosse fermière sur son échelle» (photo 1) est le MUST ! Déjà le titre m’a fait rire, mais aussi l’angle d’attaque, le gros plan. Sûrement un « peu » obsédé Camille BOMBOIS… Son travail déborde de spontanéité, de vie, d’énergie, et pourtant je n’y suis pas du tout sensible.
Vous avez jusqu’au dimanche 19 janvier pour aller voir cette exposition au Musée Maillol.
Très belle année 2020 !
FrancescArts
Pour en savoir plus :
Exposition « Du Douannier Rousseau à Séraphine, les grands maîtres naïfs »
Au Musée Maillol
Jusqu’au 19 janvier 2020