« Collier roulement à billes » 1927-Charlotte PERRIAND
Métal chromé Collection privée (photo 1)
Allez découvrir à la Fondation Louis Vuitton le nouvel « art de vivre » de Charlotte PERRIAND .
70ème billet – CHARLOTTE PERRIAND (1903-1999)
Belle et intéressante exposition des créations de Charlotte PERRIAND à la Fondation Louis Vuitton, avec en prime 200 peintures et sculptures de Fernand LEGER, Georges BRAQUE, Alexander CALDER, Joan MIRO, Le CORBUSIER…. , artistes avec lesquels elle était liée.
Si vous n’y êtes pas encore allés, n’hésitez pas….vous avez jusqu’au 24 février.
« Charlotte PERRIAND et Le CORBUSIER » 1928
Photo prise par Pierre JEANNERRET
Tirage d’exposition – Archives Charlotte Perriand (photo 2)
Création et liberté, au service d’un nouvel art de vivre : voilà les axes qui ont guidé Charlotte PERRIAND tout au long de sa vie.
Le « Collier à roulement à billes » (photo 1 ci-dessus) symbolise à merveille cette femme moderne, sportive, née en 1903, coiffée à la garçonne, toujours en avance sur son temps. Comme son nom l’indique, des roulements à bille composent ce collier, créé en 1927 par Charlotte PERRIAND.
« Dans les années 1920, cette jeune femme surprend ses contemporains par son audace et sa créativité. Formée à l’école des arts décoratifs (1920 à 1925), Charlotte PERRIAND se tourne bientôt vers l’avant-garde. Elle embrasse pleinement son époque, celle du progrès technique dont l’automobile est le symbole. » Extrait de la présentation de Bernard ARNAULT.
« Fauteuil pivotant » 1927 Charlotte PERRIAND
Métal et cuir
Galerie Ulrich Fiedler, Berlin (photo 3)
L’aventure a vraiment commencé pour Charlotte PERRIAND, lorsqu’elle expose au Salon d’automne une réplique de son propre studio de la Place Saint Sulpice à Paris, intitulé « Le Bar sous le toit ». Ses tables, mais également le décor mural, sont en plaques d’aluminium, les sièges sont en tube, les lampes montés à partir de phares de voiture. « Fauteuil pivotant » (photo 3 ci-dessus), inspiré d’un siège de bureau anglais du début du XXème siècle, fait de métal et de cuir, est un bel exemple de ses innovations qui vont séduire Le CORBUSIER (Charles-Edouard JEANNERET) et son cousin Pierre JEANNERET (photo 1 ci-dessus).
« Chaise longue basculante B 301 » 1928 Charlotte PERRIAND, Le CORBUSIER, Pierre JEANNERET
Acier peint et chromé-Musée des Arts Décoratifs- Paris 40116 (photo 4)
Dans la foulée de ce Salon, la jeune Charlotte est embauchée en 1927 par les deux cousins suisses. Elle réalise son rêve ! En charge de « l’équipement de l’habitation » au sein de l’agence Le Corbusier, à elle de trouver des solutions innovantes, en rupture avec les productions dites « à la mode » de l’époque. Le mobilier doit devenir un objet industriel, voilà l’objectif. Charlotte PERRIAND applique donc les principes du taylorisme pour y parvenir.
La chaise longue (photo 4 ci-dessus), icône du design, est créée en 1928, ainsi que le fauteuil grand confort (photo 5 ci-dessous). En 1929, première présentation, en collaboration avec Le CORBUSIER et Pierre JEANNERET du mobilier en tube, fruit de ses recherches au sein de l’atelier.
« Prototype du fauteuil grand confort – grand modèle » 1928
Charlotte PERRIAND, Le CORBUSIER, Pierre JEANNERRET (photo 5)
Entre 1927 et 1937, elle collabore à l’équipement mobilier des principales réalisations architecturales de Le Corbusier et de Pierre JEANNERET : villa Church, villa Savoye, cité du refuge de l’Armée du Salut, Pavillon suisse à la cité universitaire…. Elle participe à la fondation de l’UAM (Union des Artistes Modernes) en 1929, dont le but est de rassembler des artistes aux mêmes sensibilités.
« Carcasse de poulet » 1933 Charlotte PERRIAND
Tirages d’exposition au charbon – Archives Charlotte Perriand (photo 6)
Entre 1933 et 1937, Charlotte PERRIAND fera des recherches photographiques sur l’art brut (photos 6 ci-dessus) avec Pierre JEANNERET et Fernand LEGER . Elle restera toujours sensible aux merveilles de la nature (photo 7 ci-dessous).
C’est aussi à cette période qu’elle fera un photomontage géant sur « La Grande Misère de Paris » et sur le « Programme agricole du Front Populaire ».
En 1937, elle quitte l’atelier de Le Corbusier.
« Installation végétale de l’atelier de Charlotte Perriand » (photo 7)
En 1940, alors qu’elle part au Japon, appelée par le gouvernement japonais à devenir « Conseillère pour l’art industriel », Paris tombe sous le joug allemand. Sa nomination est la suite de sa rencontre de deux jeunes architectes japonais, Kunio MAEKAWA et Junzo SAKAKURA qui travaillaient aussi dans l’atelier de Le Corbusier et Pierre JEANNERET.
Charlotte PERRIAND est émerveillée par le Japon. « Le même souci de pureté. La même loi de pénétration des plans. La maison, expression même de la vie. L’esprit moderne présente une grande parenté avec les principes traditionnels du Japon. Plan libre, façade libre entièrement ouverte sur la nature. Pénétration de la nature dans la maison, prolongement de la maison dans la nature recréée. Flexibilité de l’espace par portes coulissantes, les rangements incorporés à l’architecture » écrit-elle dans son « Carnet du Japon ».
L’adéquation Tradition et Modernité, mais aussi l’harmonie entre Spirituel et Sensuel la fascinent.
« Chaise longue basculante bambou, Japon » 1940 Charlotte PERRIAND
Bambou, chêne, hêtre (60x160x56 cm)
Musée des Arts Décoratifs, Paris. (photo 8)
C’est en voyant une pince à sucre en bambou, qu’elle a l’idée de transposer la chaise longue en acier chromé de 1929 (photo 4) en utilisant le bambou (photo 8 ci-dessus).
Le talent de Charlotte PERRIAND se révèle totalement à l’occasion de ce voyage au Japon, me semble-t-il. Cette empreinte asiatique l’accompagnera ensuite tout au long de sa vie. Energique et curieuse, elle a la finesse de s’inspirer et de s’enrichir de ce qu’elle voit. Sans pour autant copier. Le résultat est superbe.
Elle rentrera en France en 1946(avec un mari et une petite fille), après 4 ans passés en Indochine, alors française. N’oublions pas que le Japon est entré en guerre aux côtés de l’Allemagne fin 1941 (Pearl Harbor)….Sa situation devenait quelque peu délicate au pays du Soleil Levant !
De retour en France, elle participe à de nombreux chantiers de Reconstruction : Hôpital de Saint-Lô, Maison du Mexique et Maison de la Tunisie à la Cité Universitaire à Paris….
En 1955, elle repart au Japon pour l’exposition « Proposition d’une synthèse des arts, Paris 1955, Le Corbusier, Fernand Léger, Charlotte Perriand » présentée dans les grands magasins Takashimaya à Tokyo.
« Aménagement par Charlotte Perriand de l’appartement à Rio de Janeiro, de Jacques Martin, son mari » 1963 (photo 9)
En 1963, elle conçoit les nouvelles agences Air France à Londres, Paris, Tokyo, Osaka, Rio, Brasilia. Son mari, Jacques MARTIN, qui travaille chez Air France, est alors muté à Rio. Charlotte PERRIAND aménagera son appartement à Rio. Belle occasion pour elle, d’adapter cette fois les matériaux brésiliens à ses créations (photo 9 ci-dessus). Le résultat m’a tapé dans l’oeil.
Au fil des années, Charlotte PERRIAND travaille de plus en plus le bois, matériau noble et vivant. Je m’arrête sur cette « Table éventail » (photo 10 ci-dessous) : mon grand coup de cœur de cette exposition !
Cette table « Eventail », originale et ingénieuse, est aussi très sobre. Elle permet aux convives d’échanger entre eux avec convivialité, sans pour autant devoir se tordre le cou. Je la verrai bien chez moi !!
« Table Eventail » Charlotte PERRIAND 1972
Prototype ayant appartenu à Charlotte Perriand
Bois massif – Collection privée
Charlotte PERRIAND 1969
Bois- Archives Charlotte Perriand (photo 10)
Après Rio, elle rénove les salles du Musée National d’art moderne de Paris. Et pendant plus de 20 ans (1967-1989), elle est accaparée par la conception des stations de sport d’hiver Arc 1600 et Arc 1800 en Savoie. « Sans voiture » et « vivre à proximité de la nature » sont les concepts rois. Savoyarde d’origine, Charlotte PERRIAND a toujours été attirée par la montagne, où elle se rendait, dès qu’elle le pouvait, pour se ressourcer.
En 1993, elle réalise une Maison de thé à l’UNESCO, dans le cadre du festival culturel du japon à Paris. Des dizaines d’années après, sa complicité avec le Japon est toujours aussi vive. Elle a été marquée à vie par son séjour japonais. Charlotte PERRIAND, incroyable de modernité, alors qu’elle est née au tout début du XXème siècle, disparaitra en 1999.
Une vie de créations et de liberté qui souffle encore sur nous.
Pour en savoir plus :
« Le monde nouveau de Charlotte PERRIAND »
Jusqu’au 24 février 2020
Fondation Louis Vuitton
BILLET GRATUIT – JOURNÉE EXCEPTIONNELLE LE DIMANCHE 23 FÉVRIER
Pour vivre ensemble les dernières heures de l’exposition consacrée à Charlotte Perriand, la Fondation Louis Vuitton propose à tous les visiteurs de bénéficier d’une gratuité valable sur le billet d’exposition le dimanche 23 février 2020.
Charlotte Perriand, une femme libre, pionnière de la modernité, l’une des personnalités phares du monde du design du XXème siècle qui a contribué à définir un nouvel art de vivre.