Que vous soyez ou non un amoureux de la photographie, allez au Jeu de Paume voir l’exposition des clichés en couleur de Luigi GHIRRI. Ils nous font vivre avec autant d’humour que de poésie, l’Europe des années 1970-1990. Une collection sans équivalent !
LUZERN 1972
LES PHOTOS DE LUIGI GHIRRI SONT AU JEU DE PAUME
Luigi GHIRRI n’a pas toujours été photographe. Né en 1943, il devient géomètre à 17 ans. Il exercera sa profession dans les villes et les campagnes de Reggio d’Emilie (Italie), sa province natale. Son travail de géomètre aura par la suite une influence directe sur ses prises de vue (d’où le nom de l’exposition).
A 27 ans, il se lance dans la photographie. Pendant les vingt ans qui suivent, jusqu’à sa mort en 1992 -il n’a que 48 ans-, il arpente les rues de Modène et de sa banlieue avec son petit appareil Canon en bandoulière. Il réalise des milliers de photos, surtout en extérieur.
A l’occasion de vacances à Amsterdam, à Paris, dans les Alpes suisses…il pousse sa curiosité au-delà des frontières italiennes. Luigi GHIRRI crée alors une œuvre considérable, remarquable par sa profondeur et sa dimension poétique, et sans équivalent pour cette période en Europe.
Orbetello 1974
« Mes photographies sont en couleurs parce que le monde réel n’est pas en noir et blanc et parce que les pellicules et les papiers pour la photographie en couleurs ont été inventés » expliquait GHIRRI à ceux qui exprimaient leur surprise qu’il ne prenne pas de photo en noir et blanc. Ce choix de la couleur est sa réponse à la méfiance des milieux artistiques à l’égard de la photographie en couleurs, qui rimait alors avec photographie amateur et commerciale en plein essor !! Seules les photos en noir et blanc étaient regardées avec respect.
Brest 1972
Petite anecdote très symbolique, Luigi GHIRRI confiait le tirage de ses pellicules Kodachrome à un laboratoire grand public. L’absence de prétention caractérisait aussi son travail
Bien que comparé par certains à un « photographe du dimanche », nombre de spécialistes estiment au contraire que ses prises de vue, mûrement réfléchies, ont de nombreuses affinités avec l’art contemporain, et plus précisément avec le Pop art et l’art conceptuel.
Pescara 1972
Pour GHIRRI « la photographie est avant tout un outil analytique…Elle est une grande aventure dans le monde de la pensée et du regard…un voyage continu dans le grand et le petit… ».
« Ce qui m’intéresse, c’est l’architecture éphémère, le monde provincial, des objets considérés comme étant de mauvais goût alors qu’ils ne l’ont jamais été pour moi, des objets chargés de désirs, de rêves, de souvenirs collectifs » poursuivait-il.
Bastia 1976
Il aime photographié des sujets très divers (maisons et jardins de banlieue, des plages, des fêtes foraines, des pages d’atlas, des passants de dos…..) qui font l’objet de séries. Certaines sont achevées en quelques mois, alors que d’autres durent sur plusieurs années.
« Kodachrome, 1970-1978 », est une série sur l’invasion grandissante des images (panneaux publicitaires, vitrines…) dans la vie quotidienne des années 1970-1980 en Europe. La photo ci-dessus, un clin d’œil de simplicité et d’humour, est une de mes préférées.
Si vous avez envie de remonter dans le temps, entre 1970 et 1990, allez voir cette exposition. Vous y découvrirez ou vous y retrouverez certains aspects de la vie quotidienne dans ces années là. Un sacré témoignage !
« Exposition LUIGI GHIRRI
Cartes et territoires »
AU JEU DE PAUME
Jusqu’au 2 juin 20219
Ce billet célèbre la photographie, alors j’en profite pour vous parler de deux autres expositions de photos qui se tiennent ou qui se terminent à Paris :
– Vivian MAIER (1926-2009) a été nourrice toute sa vie. Mais elle était aussi une photographe amateur de rue (New York et Chicago surtout) et de portraits incroyablement douée. Ce n’est qu’après sa mort que ses innombrables négatifs ont été découverts. Heureusement que John Maloof est tombé sur ce trésor inouï, dans l’arrière-cour d’une salle de vente new yorkaise !
« Untitled, n. d »
Tirage gélatino-argentique, posthume-Dimension du tirage 40x50cm
Signé et tamponné par John Maloof
Les Douches la galerie présente son travail jusqu’au…. 30 mars. Oui, je sais ….c’est la fin de son exposition, mais je l’ai découvert il y a seulement quelques jours. Vivian MAIER vaut vraiment ces quelques lignes tant j’ai eu un gros coup de cœur pour son travail ! Pour la petite histoire, sa mère, qui l’a élevée, était française et son père était d’origine autrichienne. A partir de 1976, elle est passée à la photo en couleurs…petit clin d’œil à Luighi GHIRRI !
Les Douches la Galerie – 5 rue Legouvé (1er étage)-75010 Paris
–Guy TILLIM, photographe sud-africain né en 1962, expose à la Fondation Cartier BRESSON, jusqu’au 2 juin 2019, « Museum of the Revolution”. Ses photos racontent les effets de la décolonisation ces dernières années dans les grandes capitales africaines (Johannesburg, Abidjan, Nairobi, Dakar, Dar es Salaam….).
« Azikiwe St, Dar Es salaam, Tanzanie” 2017
Guy Tillim, Courtesy of Stevenson, Cape Town and Johannesburg
Je n’ai pas vu cette exposition, mais elle me tente beaucoup, car elle doit être un reportage passionnant sur l’explosion du continent africain en pleine effervescence.
Fondation Henri CARTIER-BRESSON
79 rue des Archives – Paris 75003