Le Musée Maillol nous présente une exposition pleine de trésors. Manet, Degas, Renoir, Monet, Cézanne, Gauguin, Van Gogh, Modigliani, Picasso sont là pour notre plus grand bonheur.
Allez-y, vous vous régalerez !
« Champ de coquelicots près de Vétheuil » vers 1879 (Photo 1)
Claude MONET (1840-1926)
Huile sur toile 73x92cm
Coll. Emil Bührle Zürich
LA COLLECTION D’EMIL BÜHRLE AU MUSEE MAILLOL.
J’ai toujours été fascinée par les impressionnistes qui expriment avec éclat la vie et le scintillement de la lumière. Très jeune, ils ont été mon premier « choc » artistique, comme Mozart l’a été pour la musique. Je les retrouve toujours avec un plaisir intact, même si mes goûts ont évolué.
Emil BÜHRLE pose au milieu de sa collection à Zürich en 1954 (Photo 2)
Emil BÜHRLE, allemand d’origine, est à l’origine de cette collection. Né en 1890 en Allemagne, il découvre en 1913 les impressionnistes français à Berlin, alors qu’il étudie l’histoire de l’art à l’université.
« Oloron-Sainte-Marie » 1871 Edouard MANET (1832-1883) (Photo 3)
Huile sur toile 42,5×62,5cm
Collection E.G. Bührle, Zürich
Après la première guerre mondiale, il épouse en 1920 la fille d’un banquier. Son beau-père le fait embaucher dans une usine de machines-outils, à Magdebourg, dont il est actionnaire.
« Eté à Bougival » 1876 Alfred SISLEY (1839-1899) (Photo 4)
Huile sur toile 47×62 cm
Collection E.G. Bührle, Zürich
En 1924 Emil BÜHRLE est muté en Suisse, à Oerlikon (près de Zürich) pour diriger une entreprise qu’il spécialisera dans l’armement.
« Route de Versailles, Louveciennes, neige » 1870 (Photo 5)
Camille PISSARRO (1830-1903)
Huile sur toile 45,5x76cm
Collection E.G. Bührle, Zürich
Doué, de toute évidence, d’un sens aigu des affaires, il devient, quelques années plus tard, à la fois le fournisseur des armées britannique et française, mais aussi, plus discrètement, le Congrès de Versailles lui interdisant son réarmement, de l’armée allemande !
« Avant le départ » 1878/1880 Edgard DEGAS (1834-1917) (Photo 6)
Huile sur toile 40×90 cm
Collection E.G. Bührle, Zürich
Alors que la tension grandit en Europe, Emil BÜHRLE, fine mouche, devient suisse en 1937 mais aussi actionnaire majoritaire de l’entreprise d’Oerlikon.
« Nature morte aux oranges » 1912-1914 Maurice De VLAMINCK (1876-1958)
Huile sur toile 55x46cm
Collection E.G. Bührle, Zürich (Photo 7)
La guerre éclate en 1939 et le IIIème Reich devient son unique client. Les affaires d’Emil BÜHRLE sont au beau fixe.
« Tournesols sur un fauteuil » 1901 Paul GAUGUIN (1848-1903) (Photo 8)
Huile sur toile 68×75,5cm
Collection E.G. Bührle, Zürich
Emil BÜHRLE a commencé sa collection en 1937 en jetant son dévolu sur les impressionnistes, très appréciés en Suisse.
Ces années de guerre sont pour lui très prolifiques financièrement et artistiquement.
« L’Offrande » 1902 Paul GAUGUIN (1848-1903) (Photo 9)
Huile sur toile 68,5×78,5cm
Collection E.G. Bührle, Zürich
En tant que collectionneur, des zones très sombres apparaissent alors dans sa bibliographie. Via le Jeu de Paume, centre de tri des œuvres spoliées aux familles juives, et divers intermédiaires, il acquiert plusieurs œuvres aux origines « douteuses ».
« Les Ponts d’Asnières » 1887 Vincent VAN GOGH (1853-1890) (Photo 10)
Huile sur toile 53,5x67cm
Collection E.G. Bührle, Zürich
Il en rendra certaines, il en rachètera d’autres. Les avis des spécialistes divergent : était-il un voleur, un opportuniste, un spoliateur, un cynique, ou peut-être un réaliste ? Il ne m’incombe pas de trancher. La justice l’a blanchi.
« Le Jardinier Vallier » vers 1904-1906 Paul CEZANNE (1839-1906) (Photo 11)
Huile sur toile 65×54 cm
Collection E.G. Bührle, Zürich
Avec la fin de la guerre, il a, en toute logique, quelques soucis avec les Alliés. Mais en 1947 tout s’arrange pour Emil BÜHRLE : l’armée américaine devient son principal client. Son avenir est assuré, ainsi que celui de sa collection.
« Mont de Cengle » 1904-1906 Paul CEZANNE (1839-1906) (Photo 12)
Huile sur toile 80×62,7cm
Collection E.G. Bührle, Zürich
Il meurt à Zurich en 1956, à l’âge de 66 ans. Quelques années plus tard, son épouse créera la Fondation Emil BÜHRLE.
« Nu couché » 1916 Amedeo MODIGLIANI (1884-1920) (Photo 13)
Huile sur toile 65,5x87cm
Collection E.G. Bührle, Zürich
Impossible de résister à l’envie de comparer deux collectionneurs, à peu près de la même génération : l’allemand devenu suisse, Emil BÜHRLE, marchand d’armes ; le britannique d’origine française, Samuel COURTAULD, marchand de rayonne (https://francoiserevol-oquin.com/56eme-billet-lexposition-la-collection-courtauld-le-parti-de-limpressionnisme-a-la-fondation-louis-vuitton/ ).
Le britannique était un homme d’affaires charismatique, humaniste mais aussi visionnaire. Grâce à lui, les impressionnistes boudés Outre-Manche, sont arrivés en Grande Bretagne. Et n’oublions pas qu’il a créé le célèbre Institut Courtauld. Il était prêt à investir des fortunes pour acheter une œuvre, si son émotion et sa sensibilité avaient été touchées. Le suisse était aussi un homme d’affaires doué, mais peut-être plus opportuniste et capable de « retomber sur ses pieds » en toute circonstance. Peut-être a t-il constitué sa collection en se fondant plus sur sa raison, que sur son cœur.
Personnellement, et vous l’avez certainement compris, j’ai été beaucoup plus touchée par l’approche de Courtauld et par sa collection, que par celles de Bührle, même s’il a indéniablement réuni de très belles pièces.
Ce 60ème billet est mon dernier…..avant plusieurs mois !
En effet, je viens d’accepter de me « pencher » sur de nouveaux projets.
Cela fait un peu plus de deux ans que j’ai lancé cette Newsletter. Une belle aventure avec laquelle je compte bien renouer ! J’ai autant appris que je me suis amusée.
Un immense MERCI pour vos nombreux mails réactifs et pour votre fidélité chaque mois grandissante.
A bientôt pour de nouvelles aventures !