« L’ART EST UNE FETE » ….
« Singing Donkeys » (Anes chanteurs)-1992-
Objets trouvés, aluminium, papier mâché et acrylique sur bois- Collection particulière
…SELON KAREL APPEL !
« Feestje ? » (Petite fête ?) – Karel Appel-2006-huile sur toile (80x100cm)-Collection particulière
Cette toile, réalisée en 2006, année de la mort de l’artiste néerlandais Karel Appel, est sa dernière œuvre. Son testament alors qu’il arrivait au terme de sa vie ? Il semblerait que oui.
Cette peinture résume parfaitement son travail d’artiste : une certaine ironie interrogative et septique, cachée derrière un titre pétillant en harmonie avec les couleurs chaudes et éclatantes de la toile.
KAREN APPEL REJETTE L’ACADÉMISME
Karel Appel est né en 1921 à Amsterdam, où il a étudié les Beaux-Arts durant la guerre. Dès 1946, il commence à exposer, avant de s’installer en 1950 à Paris. La seconde guerre mondiale vient juste de se terminer, avec son cortège d’horreurs qui, au fil des jours, est révélé au grand jour.
« Kleine hiep hiep hoera » (Petit Hip Hip Hourra)-1949-huile sur toile-Musée d’Art Moderne Ville de Paris
En réaction, de nombreux jeunes artistes rejettent les valeurs établies. Karel Appel en fait partie. Il veut dépasser l’académisme de l’Art de l’époque, et exprimer ainsi son rejet des institutions qui ont mené à cet embrasement mondial. Il est souvent comparé, au niveau européen, à l’expressionnisme abstrait américain qui gravite autour de Jack Pollock.
Karel Appel (Photo de la couverture du catalogue de l’exposition)
Cette photo exprime l’approche physique de son travail. L’importance du geste prédomine, surtout au début de sa carrière. Il y reviendra sur le tard. Il veut retrouver la spontanéité des enfants (comme Picasso !). Il aime les couleurs vives, éclatantes. Coloriste très doué, il arrive à ce qu’elles ne jurent jamais entre elles. Enfin, il s’appuie sur le primitivisme pour rejeter académisme et conventions ; il adore griffonner.
COBRA
Karen Appel est un des membres fondateurs du groupe CoBrA (Copenhague-Bruxelles-Amsterdam) créé en 1948 à Paris.
« Sans titre »-1949-Huile sur toile-Collaboration entre Constant, Corneille, Asger Jorn, Erik Nyholm et Karel Appel : ils ont recouvert une œuvre de Richard Mortensen-Silkborg, Museum Jorn.
Les artistes cofondateurs de CoBrA (Constant, Corneille, Asger Jorn, Karel Appel, Erik Nyholm…) apprécient de travailler de concert. Ainsi, lors d’une « virée » chez le céramiste et éleveur de truites Erik Nyholm, ils réalisent cette œuvre symptomatique des nombreuses collaborations entre les différents artistes de CoBrA. Nos différents lascars profitent de leur séjour pour décorer entièrement la maison de leur hôte. J’aurais aimé voir le résultat !
« La Promenade »1950-huile sur toile-Centre Pompidou-Don de Charlotte et Nicolaas van der Vorm en 2008
CoBrA sera dissout en 1951 à la suite de différents désaccords. Une existence aussi brève qu’intense.
MICHEL TAPIE, CRITIQUE D’ART
Appel sera ensuite proche de Michel Tapié, critique d’art parisien et organisateur d’expositions.
« Portrait de Michel Tapié de Céleyran »-1956-Huile sur toile-Stedelijk Museum-Amsterdam
Ce critique est très sensible à la véhémence du travail de l’artiste néerlandais qu’il situe dans la tradition expressionniste. Tapié, cofondateur avec Jean Dubuffet de la Compagnie de l’Art Brut (qui regroupe des artistes qui n’ont pas été « formatés » par une éducation artistique), jouera un rôle clé dans le développement de la carrière d’Appel.
ENTRE PARIS ET NEW-YORK
Karen Appel, très vite reconnu internationalement, partagera sa vie entre Paris et New-York. Il voyagera aussi beaucoup en Europe et en Amérique Latine.
« Geel naakt » (Nu jaune)-2000 (260×200 cm)-acrylique et huile sur toile-Stedelijk Museum-Amsterdam.
Après avoir abandonné l’approche gestuelle qui caractérisait ses débuts des années 1960, il s’y remet une quinzaine d’années après. A d’autres périodes, il préfère l’abstraction à la figuration colorée, allant même jusqu’à mettre de côté, pendant un temps, heureusement limité, son goût inné et maitrisé pour la couleur. « Feestje ? », sa dernière toile, est là pour le prouver, ainsi que « Geel naakt » notamment.
Je suis sensible au travail de cet artiste qui a marqué le 20ème siècle. Il ose exprimer, faisant fi des valeurs établies.
J’ai aimé déambuler dans ces grandes salles aux murs blancs, sur lesquels ses toiles aux couleurs vives, éclatantes, voire provocantes ressortent à merveille.
Tout au long de sa vie, Appel se remettra donc en question et son style évoluera en permanence. « Le Cirque » en est un bel exemple…
« LE CIRQUE »
Cette exposition peut être une belle occasion d’emmener des enfants dans un musée. Leurs yeux vous révèleront peut-être certaines choses que vous n’auriez pas vues ou ressenties. Et « Le Cirque » les comblera !
« Le cirque »-1978-Acrylique sur assemblage de contreplaqué- 17 éléments-Dunkerque-Lieu d’Art et Action Contemporaine
« Le Cirque », exposé dans une salle qui lui est entièrement réservée, présente en effet un univers aussi insolite que plaisant dans un musée.
« Le cirque »-1978 – gros plan sur un personnage
En savoir plus
Jusqu’au 20 août 2017,
Exposition Karel Appel
Musée d’Art Moderne de la Ville de Paris
11, Avenue du Président Wilson
75116 Paris
FRQ
En liaison avec la Galerie de l’Angle
45 rue des Tournelles
75003 Paris
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