RODIN EST MORT IL Y A 100 ANS
« Buste d’Auguste Rodin » – (de profil et de face) – 1892 – Camille Claudel – Buste en bronze-Musée Rodin
Exposition au Grand Palais, jusqu’au 31 juillet 2017
A l’occasion des 100 ans de la mort du sculpteur Auguste Rodin (1840-1917), le Grand Palais présente, depuis le 22 mars et jusqu’au 31 juillet 2017, 350 œuvres à la mémoire de cet artiste, dont un peu moins de 200 de Rodin lui-même et 150 d’autres artistes.
Exposition puissante et imposante
Cette exposition, qui n’est pas une rétrospective de l’artiste, est à l’image de Rodin : puissante et imposante, comme son « Balzac » !
L’objectif du Grand palais est de nous montrer l’impact du travail du sculpteur sur les générations qui lui ont succédé. Excellente initiative !
En déambulant entre ces sculptures de marbre, de pierre, de plâtre, de bronze, de terre, dont de nombreux nus monumentaux qui vous dominent de toute leur hauteur, une impression de « tournis » vous envahit… Impossible de tout admirer, savourer. L’œil s’affole, il sature, trop de merveilles, trop de comparaisons à faire !
Un vrai regret : certaines sculptures sont contre un mur, impossible de tourner autour. Quel dommage !
« Le Penseur »
Si vous avez envie de les revoir vous serez ravis car les chefs d’œuvre des années 1880 de Rodin, « le Baiser », « les Bourgeois de Calais », « Le Penseur »…. répondent présents au Grand Palais.
« Le Penseur » (voir photo ci-dessous), celui créé d’après la statuette réalisée dans les années 1880, puis agrandie en 1904, vous accueille dès le début de l’exposition.
Issu de « La Porte de l’Enfer », représentant Dante et, au-delà, tous les poètes, « Le Penseur » est perçu comme un hommage au peuple pour devenir une véritable icône qui marque le XXème siècle.
A côté de lui, figé dans sa raideur, « Volk Ding Zero » (voir photo ci-dessous) de Georg Baselitz nous nargue.
Bien qu’elles soient comparables, le contraste est saisissant entre les 2 œuvres. L’œuvre de Baselitz est toute en ironie contemporaine, alors que l’influence de Michel Ange est palpable dans « Le Penseur ».
Cette confrontation souligne tout l’intérêt de cette exposition : mettre en parallèle des sculptures de Rodin avec des œuvres d’autres sculpteurs, inspirées par le travail de Rodin.
Ils sont au Grand Palais.
Brancusi, Lüpertz, Messager, Zadkine, Kolbe, Hoetger, Giacometti (Alberto et non Diego), Lehmbruck, Moore ….., pour ne citer qu’eux, sont présents pour ce rendez-vous avec Rodin.
A travers tous ces artistes, la création creuse inlassablement son sillon dans l’histoire, pour avancer imperturbable, en s’appuyant sur le passé.
Constantin Brancusi : arrivé à Paris en 1904, il est présenté à Rodin en 1907, avec qui il travaille durant 3 mois seulement. Il le quitte en disant : « Rien ne pousse à l’ombre des grands arbres ».
« Somnul » reflète alors clairement l’influence de Rodin dans le travail de Brancusi, qui ensuite s’en détachera.
L’Homme qui marche
Thème universel qui inspire de nombreux sculpteurs. Rodin a particulièrement réussi le sien, influençant ainsi les générations suivantes.
Cette sculpture « L’Homme qui marche » de Rodin » (photo ci-dessus) est née de l’assemblage d’une étude des jambes du Saint Jean-Baptiste (voir ci-dessous) et d’un torse, probablement aussi conçu pour celui-ci. Rodin les assembla vers 1900. Le modelé lisse des jambes contraste avec les crevasses du torse, ce qui accentue la référence à l’antique. Sacrée puissance du mouvement !
Giacometti (1901-1966) a cherché tout au long de sa vie à exprimer le mouvement. Au Grand Palais est présenté « L’homme qui marche III », en plâtre peint (190x37x104cm), peu mis en valeur et pas en très bon état. Je lui préfère « L’Homme qui marche II » (voir photo ci-dessous) qui était au Musée Picasso en début d’année !
En 1948, soit 12 ans auparavant, Giacometti réalise cette oeuvre (photo ci-dessus) avec 2 personnages de face et 1 de profil. Ce groupe renforce encore le mouvement par le rythme qui en émane. On les voit en train de se déhancher alors qu’ils avancent vers nous.
Très imposant, à l’opposé de celui de Giacometti, un autre « Homme qui marche » : celui de Markus Lüpertz, « Der Morgen oder Hölderlinet ». Il date de 2011. Des points communs, c’est indéniable, comme une sorte de filiation modernisée du travail de Rodin.
Camille Claudel, quasi oubliée de l’exposition !
Dans les années 1880, Rodin, âgé de 40 ans, rencontre Camille Claudel, qui n’avait que 19 ans. Elle deviendra son élève, sa collaboratrice, sa muse et sa maîtresse, même si cela n’apparait guère dans cette exposition, à tort ou à raison. Un point est certain : elle a eu une vraie influence sur Rodin.
Seules deux de ses sculptures sont donc présentées au Grand Palais, notamment son très beau buste de Rodin (photo en intro).
Mais tandis que Rodin est fêté en grande pompe dans la capitale, Camille Claudel a, enfin, un musée qui porte son nom, puisque le 26 mars 2017 s’ouvre à Nogent sur Seine le « Musée Camille Claudel », édifié au même endroit que la demeure familiale. Très belle occasion d’aller admirer le travail de cette artiste.
Si vous voulez en savoir plus :
– « 22 mars – 31 juillet 2017 – Rodin – L’exposition du centenaire »
Grand Palais- Galeries Nationales
Rodin. L’exposition du centenaire
– « Musée Camile Claudel »
10 rue Gustave Flaubert
10400-Nogent sur Seine
Ouverture à compter du 26 mars 2017-03-22
FRQ
www.francoiserevol-oquin.com
En liaison avec la Galerie de l’Angle
45 rue des Tournelles
75003 Paris