« Marie de Médicis , reine mère de France » 1622 (huile sur toile, 131x108cm)
Madrid, Museo Nacional del Prado (N°1)
Marie de Médicis fut reine et régente, mais également mère et belle-mère des plus puissants souverains de l’Europe du début du XVII è siècle.
RUBENS EST A PARIS JUSQU’AU 14 JANVIER !
Le musée du Luxembourg reçoit le peintre Pierre Paul RUBENS (1577-1640) jusque mi-janvier pour une exposition de ses « Portraits Princiers ». Je ne suis pas une adepte de ce style de peintures, qui ne me touchent pas, voire qui m’ennuient. Mais j’ai été fascinée par la maitrise inouïe du Rubens portraitiste.
« Zones d’influence » de Rubens (N°2)
I EN EUROPE
Homme habile, artiste de grand talent, Rubens maniait à la perfection création et diplomatie. C’est ainsi qu’il devint le portraitiste de nombreuses cours européennes (Espagne, Italie, Flandres, Angleterre, France…) .
Mon intention n’est pas de vous raconter l’histoire de l’Europe à travers les portraits de Rubens. D’autres le feront beaucoup mieux que moi.
J’ai choisi de me laisser guider par la sensibilité de mon œil, sa réactivité (ennui, émerveillement…) devant ces différentes toiles.
« Ferdinand de Gonzague, infant de Mantoue » 1604-1605- Huile sur toile (48×38,2cm)
Traversetolo (Italie) Parme-Fondazione Magnani-Rocca (N°3)
J’ai ainsi été touchée par l’expression du jeune italien, Ferdinand de Gonzague, avec les yeux baissés, la moue de sa bouche ourlée et les teintes de sa carnation (Photo N°3). Ce tableau est un fragment d’une peinture commandée par le duc de Mantoue à Rubens pour l’église des Jésuites. Le tableau original a été découpé sur place durant l’occupation française en 1801.
Pierre Paul Rubens réalise en 1628 ce portrait d’Ana Dorotea (N°4), la fille illégitime de l’Empereur d’Autriche, Rodolphe II, qui vient de prononcer ses vœux à l’âge de 17 ans. Par sa grande sobriété et la tristesse qui en émane, cette peinture m’a « sauté aux yeux », tant elle détonne au milieu des autres toiles et de leurs dorures.
« Ana Dorotea, fille de Rodolphe II, clarisse au couvent Descalzas, Madrid »
1628-1629-Huile sur toile- Londres, The Wellington Collection, Apsley House (English heritage) (N°4)
II EN FRANCE
En 1603, Rubens refuse une première fois de se rendre à la cour de France, l’offre lui paraissant indigne de son talent. Vingt ans plus tard, il répondra favorablement à la demande de Marie de Médicis de réaliser un ensemble de toiles monumentales illustrant sa vie. Tout simplement !
« Portrait de Louis XIII, roi de France » 1622-Huile sur papier collé sur bois
Melbourne, National Gallery of Victoria-Don Everard Studley Miller, 1959 (N°5)
Ce petit tableau de Louis XIII (N°5), réalisé en 1622, au moment où Rubens acceptait la commande, est le seul dont on est sûr qu’il ai été réalisé face au modèle, pratique rarissime à l’époque. La liberté de la touche et l’expression naturelle du visage, que l’on retrouve peu ou pas du tout dans les autres portraits, sont très évocateurs de la personnalité de notre roi de France !
Trois tableaux de la galerie Médicis (N°6)
La Galerie Médicis, composée de 24 tableaux (N°6), est un énorme chantier, qui, pour être mené à bien, exige la collaboration d’une centaine d’individus (Maîtres assistants, collaborateurs divers et variés, élèves …).
Clin d’œil de l’histoire : le Musée du Luxembourg, où se tient cette exposition, est adjacent au palais que Marie de Médicis a fait édifier à partir de 1615 et pour lequel elle commanda ce charmant album de famille !
« Marie de Médicis en Bellone » 1622
(Portrait allégorique de Marie de Médicis)- Huile sur bois (42,2×29,5cm)
Worms, Museum Heylshof (N°7)
Pour mener à bien ce chantier, Rubens doit également faire preuve de beaucoup de diplomatie. Outre les très fortes tensions entre la mère et le fils (guerre, exil…), il doit jouer avec finesse sur un sujet délicat : le physique –ingrat- de Marie de Médicis.
« Ajoutons à cela qu’au physique, elle est grande et grosse, a l’œil fixe et globuleux et, selon l’historien Sismondi « n’avait rien de caressant dans les manières » (Connaissance des Arts-HS 781, p 61).
Rubens représente Marie de Médicis, reine mère de France, dans toute sa dignité (N°1), mais aussi en « en Bellone* » (N°7), audacieux portrait allégorique, où la reine apparait avec un sein dénudé !
« Autoportrait » 1623-huile sur bois (85,7×62,2cm)
Londres, The Royal Collection/HM Queen Elisabeth II 2017 (N°8)
Cette exposition s’achève « en beauté » avec l’autoportrait de l’artiste (N°8), gracieusement prêté par la reine Elisabeth II. Après toutes ces têtes couronnées, j’ai été saisie par l’intense sobriété de cette toile somptueuse. La figure de Rubens irradie. Elle est soulignée par les noirs profonds de sa cape et de son chapeau. Quel talent pour se mettre en valeur.
Il règne à égalité avec Marie de Médicis.
Bellone* : déesse qui incarne davantage les horreurs de la guerre, que ses aspects héroïques. (Wikipedia)
« Rubens, Portraits princiers »
Jusqu’au 14 janvier 2018
Musée du Luxembourg (ouvert tous les jours)
La Galerie Médicis
Elle est au Musée du Louvre (aile Richelieu-2ème étage)
FRQ – Francoise Revol-O’Quin – FrancescArts
FrancescArts, le Blog qui « croque » l’art sous toutes ses facettes !