53ème billet | Caravage à Rome

 

Belle exposition « Caravage à Rome- Amis et Ennemis » jusqu’au 28 janvier prochain au Musée Jacquemart André.

 

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« Le jeune Saint Jean Baptiste au bélier » (1602) Michelangelo Merisi dit Caravage

 Huile sur toile (129 x95 cm) Rome, Musei Capitolini, Pinacoteca Capitolina 

 

 

CARAVAGE A ROME

 

Pour cette exposition au Musée Jacquemart André, j’ai choisi de me concentrer sur le peintre Caravage (1571-1610). Une belle occasion pour moi de faire plus ample connaissance avec ce spécialiste du « clair-obscur », dont la vie tumultueuse est en symbiose avec la puissance de ses peintures. Le réalisme du corps nu du jeune Saint Jean Baptiste, tout à fait saisissant, en est un bel exemple.

 

Son nom de peintre, Caravage, est dû à son lieu de naissance, Caravaggio, situé en Lombardie. En fait, d’après des recherches finalisées en 2007, Michelangelo Merisi est né à Milan le 29 septembre 1571, jour de la Saint Michel….. Peu de temps après, sa famille, issue de la petite bourgeoisie, s’installera effectivement à Caravaggio, pour fuir la peste qui décimait Milan, dont son père et son grand-père décèderont. A l’âge de 13 ans, il entre comme apprenti chez le peintre Simone Peterzano à Milan. A l’heure actuelle, aucune peinture des jeunes années de Caravage n’a été identifiée.

 

 

Françoise Revol-O'Quin | FrancescArts | https://francoiserevol-oquin.com | Réalisation Agence Culture Digitale http://culture-digitale.net/ Culture Digitale, l’agence digitale au service des acteurs culturels depuis 2011.  53ème billet | Caravage à Rome 2

« Le repos pendant la fuite en Egypte » vers 1603- Michelangelo Merisi dit Caravage

 Huile sur toile (130x160cm) Rome, Galleria Doria Pamphilj

 

 

Après sa formation, Caravage débarque en 1592 à Rome alors qu’il a 20 ans. Ses premières années sont rudes. Alors même que Rome, qui a retrouvé tout son éclat, est la capitale du monde, La Roma Caput Mundi, au détriment du rayonnement de Florence et de Venise.

 

L’église romaine, omniprésente, est un élément clé du dynamisme de Rome. L’achèvement de la coupole de la basilique St Pierre de Rome en mai 1590, célébré en grande pompe, en est un bel exemple. De même, le Vatican, qui est à cette période le plus grand palais d’Europe. Sans oublier de nombreuses églises romaines qui sortent de terre, et notamment Saint Louis des Français, qui sera consacrée en 1589, et qui, dix ans plus tard, accueillera trois des œuvres majeures de Caravage sur Saint Matthieu. Et pour finir, le Palais Farnèse sera achevé au même moment.

 

Caravage ne profite donc pas de cette exubérance durant les premières années de son séjour romain. A son arrivée, il travaille dans l’atelier de Lorenzo Siciliano qui avait la réputation de « faire commerce d’oeuvres grossières ». Après cette première expérience, il est embauché par Antiveduto Grammatica, dont l’atelier est spécialisé dans des portraits d’hommes illustres et des tableaux religieux. Caravage est alors repéré grâce à ses peintures aux personnages androgynes. Vers 1598, sa rencontre avec le cardinal Del Monte lui ouvre la porte du succès et d’un bel avenir.

 

 

Françoise Revol-O'Quin | FrancescArts | https://francoiserevol-oquin.com | Réalisation Agence Culture Digitale http://culture-digitale.net/ Culture Digitale, l’agence digitale au service des acteurs culturels depuis 2011.  53ème billet | Caravage à Rome 3« Le joueur de Luth » (1595-1596) Michelangelo Merisi dit Caravage

Huile sur toile (94 x 119cm) – Saint Petersbourg, Musée de l’Ermitage

 

 

Le cardinal Del Monte, qui a très vite décelé son talent, prend Caravage à son service ; il se voit très vite parachuté dans le cercle brillant des relations de son protecteur. Car Francesco Maria Bourbon Del Monte, le cardinal passionné d’arts, de sciences et de musique, est un homme très cultivé mais aussi mécène et collectionneur. C’est à cette période que Caravage réalise « Le joueur de Luth », tableau du Musée de l’Ermitage, que je trouve extraordinaire.

 

Il représente un jeune garçon à la beauté androgyne, vêtu d’une chemise blanche ouverte et à l’abondante chevelure ornée d’une sorte de bandeau. En le regardant, je me suis vraiment demandé s’il s’agissait d’un homme ou d’une femme. Bien sûr ce personnage domine la scène, mais un luth et un violon s’imposent aussi, ainsi que des partitions, des fleurs et des fruits, qui sont tous plus remarquables les uns que les autres. L’absence d’arrière-plan dans cette toile rend encore plus imposante la présence du musicien et de ses instruments de musique. Magnifique !

 

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« La Corbeille de fruits »(vers 1596) Michelangelo Merisi dit Caravage

 Huile sur toile (46×64,5 cm) Pinacothèque Ambrosienne, Milan

 

 

« La Corbeille de fruits » (1596) (voir ci-dessus) met en valeur le talent de Caravage pour exprimer la nature dans toute sa vérité, qui déclarait d’ailleurs « il me coûte autant de soin pour faire un bon tableau de fleurs qu’un tableau de figure ».

 

« Judith décapitant Holopherne » (1600) est peut-être la toile qui m’a le plus fascinée. Comme spectatrice, j’ai eu l’impression d’être projetée, que je le veuille ou non, dans l’horreur de cette scène.

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« Judith décapitant Holopherne » (vers 1660) Michelangelo Merisi dit Caravage

Huile sur toile (145x195cm)-Rome, Gallerie Nazionali d’Arte Antica, Palazzo Barberini

 

Comment ne pas être saisie par le sang-froid de Judith, la jeune veuve, qui arrive à conserver son élégance et sa distance, alors qu’elle décapite le général assyrien Holopherne, qui s’apprêtait à envahir la ville de Béthulie. Le contraste avec sa vieille servante, dont le visage profondément marqué par la vie exprime sa consternation, est saisissant. Les corps et les visages, sous l’effet d’une lumière dramatique, semblent surgir de l’ombre.

 

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« Saint Jérôme écrivant » (vers 1605) Michelangelo Merisi dit Caravage

-Huile sur toile (116x153cm), Rome, Galleria Borghese

 

 

« Saint Jérôme écrivant » (vers 1605) resplendit de quiétude et de recueillement, alors que le saint arrive au terme de sa vie. Le drapé protecteur du tissu, d’un rouge lumineux et intense, enveloppe la scène. Le bras droit décharné de Saint Jérôme, dont la main tient une plume délicate, guide notre regard vers le crâne et les livres. L’extrême sobriété de ce tableau qui raconte la fin d’une vie qui semble sereine me touche.

 

Pendant toutes ces années, Caravage a défrayé la chronique avec sa vie dissolue et provocante. En mai 1606, blessé, il est accusé d’assassinat et condamné à mort. Il est contraint de fuir Rome. Le prince Colonna l’abrite en le cachant dans son domaine.

 

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« Le Souper à Emmaus » (1606) Michelangelo Merisi dit Caravage

Huile sur toile (141 x 175 cm) – Milan, Pinaccoteca di Brera

 

 

« Le Souper à Emmaus » aurait été peint à cette période. Le dépouillement général, l’ombre ambiante et la lumière qui éclaire chacun des personnages, dont les visages sont éprouvés par la vie, rendent ce tableau saisissant. Six mois après, on retrouve la trace de Caravage à Naples. Bien que gracié, il ne rentrera jamais à Rome. De très récentes études médicales ont récemment révélé que Caravage serait décédé sur une plage d’une infection généralisée à la suite d’une blessure occasionnée lors d’une rixe à Naples.

 

Caravage a eu une vie aussi brève qu’intense, marquée par ses années romaines. Il a révolutionné l’art occidental du XVIIème siècle par son usage du clair-obscur et réalisé de nombreux chefs d’œuvres. Célèbre de son vivant, son travail a également influencé de nombreux peintres dont certains sont présents à l’exposition.  

 


 

L’exposition « Caravage à Rome,-Amis et ennemis » jusqu’au 28 janvier 2019

Musée Jacquemart-André

www.musee-jacquemart-andre-.fr

 


Les photos étant interdites, j’en profite pour remercier Connaissance des Arts et son numéro HS N°827, ainsi qu’Internet….. qui m’ont été précieux pour illustrer ce billet.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

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