« Le Harponneur » 1872
Terre cuite (34x26x24 cm) – Naples, Collection Intesa Sampaolo
Sculpteur de l’âme napolitaine, certainement, mais aussi sculpteur de la VIE !
Allez voir cette exposition, si ce n’est pas déjà fait, au Petit Palais. Elle est tout simplement superbe !
GEMITO, LE SCULPTEUR DE L’AME NAPOLITAINE
« Autoportrait de profil » Sans date
Encre et aquarelle sur papier (24×18 cm) – Naples, Museo e Real Bosco di Capodimonte
Les sculptures de Vincenzo GEMITO expriment le VIVANT avec une sensibilité à fleur de peau.
Ses premières sculptures de têtes d’enfants, en terre, (voir les photos ci-dessous) sont aussi fortes que délicates. Elles irradient la vitalité, la spontanéité, la fraicheur. L’enfant est là. Il est devant nous. Il nous parle. Magnifique !
« Tête de petite fille » 1870-1872
Terre cuite (50×24,5×20 cm) – Naples, Certosa e Museo di San Martino
Le 17 juillet 1852, GEMITO, né la veille, est déposé à la porte (plus exactement dans la « roue de la misère » du portail) de la Maison sainte de l’Annunziata de Naples.
Il devait s’appeler GENITO (« celui qui est né »), mais à la suite d’une faute dans le registre, il devient « GEMITO » (« celui qui gémit »).Toute sa vie, il a revendiqué cette douleur. Tout son travail d’artiste est marqué par ses premiers jours.
« Jeune Maure » 1872
Terre cuite (44x30x23 cm) – Naples, Certosa e Museo di San Martino
Le 30 juillet 1852, soit moins de 15 jours après l’abandon, il est adopté par un couple qui vient de perdre son nouveau-né. A l’âge de 7 ans, son père adoptif décède. Quelques années plus tard, en 1864, sa mère adoptive se remarie. GEMITO aura la plus grande affection pour son nouveau père, qui sera aussi son modèle et son assistant dans la fonte des bronzes.
Avant même qu’il ait 10 ans, la vie dans les rues et la misère donnent à GEMITO une très forte personnalité. A 9 ans, accompagné de sa mère, il convainc le sculpteur Emanuele CAGGIANO de le prendre comme apprenti.
« Tête de garçon, petit montagnard » 1870-1871
Terre cuite (39x16x20 cm) Naples, Museo Civico di Castel Nuovo
A 13 ans, il rencontre le futur peintre Antonio MANCINI qui vient d’arriver à Naples avec sa famille, aussi pauvre que celle de GEMITO. Les deux garçons s’entendent à merveille, vivent de petits métiers, et suivent des cours de dessin dans une école gratuite, tenue par des membres de l’atelier du sculpteur Stanislao LISTA. Ils sont tous les deux aussi doués que précoces. Ils s’inspirent de leur univers quotidien, qu’ils transcendent.
A 17 ans, les deux amis s’inscrivent à l’Académie de Naples, l’un en sculpture, l’autre en peinture. Très vite, ils sont repérés et largement soutenus et encouragés par l’Académie.
« Buste de Guido Marvasi » 1874
Terre cuite (42x38x28 cm) – Naples, Collection Intesa Sampaolo
Tout au long de sa vie, l’art de Gemito se caractérise par deux particularités : l’observation de la vie quotidienne populaire, liée au savoir-faire des artisans qui façonnent les figurines des fameuses crèches napolitaines, d’une part, et l’idéal classique de l’antiquité grecque et romaine, d’autre part.
En 1872, il rencontre Mathilde Duffaud, de 9 ans son ainée, modèle de plusieurs artistes. Un an plus tard, elle s’installe chez lui et devient sa muse et son grand amour. Intense période de création en harmonie avec son bonheur.
En 1877, GEMITO se rend à Paris pour participer à l’exposition de la Société des artistes français. Il y rencontre le peintre français Ernest MEISSONNIER avec lequel il nouera une affection quasi filiale. En 1880, il rentre à Naples en raison, notamment, de la santé préoccupante de Mathilde, qui décède en avril 1881.
« Portrait de jeune fille » 1913-1922
Bronze (45 x 40 cm) – Naples, Castel Sant’Elmo- Museo del Novecento
Après un passage à vide, il se remarie avec Anna. Son dessin évolue alors en s’amplifiant, tandis que ses sculptures renouent avec l’antique.
En 1885, le roi Umberto 1er lui commande une statue monumentale de Charles Quint, puis en 1886 un grand surtout de table. Grave dilemme pour GEMITO car ces deux commandes vont totalement à l’encontre de sa créativité artistique. Profondément perturbé, l’état mental de GEMITO se dégrade et il est hospitalisé. Il est alors diagnostiqué schizophrène. En 1891, Ernest MEISSONNIER, ami très cher et son plus grand soutien, meurt.
« Gitane » 1885
Fusain, sanguine, aquarelle et gouache sur papier (46,5 x 30 cm)
Naples, Collection Intesa Sampaolo
En cette fin du XIXème siècle et début du XXème, GEMITO, tout en restant à Naples, présente ses sculptures et dessins dans les grandes expositions internationales (Paris, Anvers, Venise…) où il reçoit de nombreux prix et distinctions.
Anna disparait en 1906, laissant GEMITO dans une grande solitude. Ses dernières années sont marquées notamment par un retour aux petits pêcheurs de son enfance qu’il cisèle avec une extrême délicatesse, en or et argent. Il décède le 1er mars 1929 à Naples.
–Exposition « GEMITO, LE SCULPTEUR DE L’ÂME NAPOLITAINE »
Jusqu’au 26 janvier 2020
Musée du Petit Palais
