66ème billet | Exposition « Hans HARTUNG (1904-1989), la fabrique du geste » au Musée d’Art Moderne de Paris

  

 

66ème billet | Exposition « Hans HARTUNG (1904-1989), la fabrique du geste » au Musée d’Art Moderne de Paris HARTUNG 805x1024 

« T1962-U8 » 1962 – Vinylique sur toile (180x142cm)  (Photo 1)

(Gros plan ci-dessous – photo N°7)

 

 

Superbe et passionnante exposition « Hans HARTUNG, la fabrique du geste », au Musée d’art moderne de Paris ! Hans HARTUNG est considéré comme l’un des plus grands artistes de l’art abstrait. Son travail m’a éblouie !

 

 

HANS HARTUNG, UN EBLOUISSEMENT !

 

 

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« Autoportrait » 1922 – Huile sur carton marouflé sur toile (60,5×40,5cm) (photo 2)

 

 

 

Hans HARTUNG, né en 1904 à Leipzig, peintre abstrait naturalisé français d’origine allemande, a créé un langage puissant, délicatement subtil et sensible, que je trouve comparable à des notes de musique ! 

 

 « Mes éclairs enfantins ont eu, j’en suis sûr, une influence sur mon développement artistique, sur ma manière de peindre. » 

« Hans Hartung, Autoportrait » 1976.

Alors qu’il a 8-10 ans, il se passionne déjà pour l’astronomie et la photographie. Passion de la photo qui ne le quittera pas. 

  

De 1920 à 1922, il n’a pas 20 ans, il réalise une centaine d’aquarelles aux couleurs vives et flamboyantes (photo ci-dessous). Sans compter ses dessins qui seront son socle pour son travail à venir. 

 

 

 

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Série d’aquarelles aux couleurs vives réalisées en 1922 par Hans Hartung (photo 3)

 

 

Le jeune Hans HARTUNG est à Paris entre 1926 et 1928. Il en profite pour visiter le Sud de la France -sur les traces de Cézanne, Van Gogh-, mais aussi la Sicile, les Pays-Bas…. En mai 1929, il rencontre Anne-Eva BERGMAN, artiste norvégienneSix mois plus tard ils se marient, s’installent à Dresde (1929 à 1931) et voyagent beaucoup (Norvège, Italie, Cote d’Azur…). En septembre 1930, le parti national-socialiste sort victorieux aux élections allemandes. 

 

 

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Anna-Eva BERGMAN et Hans HARTUNG à Leucate en 1929

 

 

 

 

Le glas de l’’insouciance a sonné…

 

En 1932, Hans HARTUNG perd son père. Face à des difficultés financières, le couple quitte l’Allemagne pour Minorque où la vie est beaucoup moins chère. Après en avoir dessiné les plans, ils construisent leur maison, un cube blanc aux formes pures. Fin 1934, ils sont obligés de quitter Minorque, car lui est soupçonné d’espionnage et elle malade. En 1935, Hans s’installe seul à Paris, tandis qu’Anna est hospitalisée à Berlin. En 1938, le couple divorce. 

 

 

 

 

 

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« T1934-2 » 1934 – Huile sur toile   (photo 4)

Collection particulière, Suisse

  

 

 

 

Sans le sou, Hans HARTUNG parvient à vendre quelques toiles réalisées à partir de sa nouvelle technique élaborée en 1932. Elle consiste à reporter fidèlement ses dessins en les agrandissant sur des toiles grand format (exemple photo 4 ci-dessus). 

 

Au même moment, il rencontre le sculpteur espagnol Julio GONZALEZ, pour qui il va travailler. Il fait ainsi connaissance de sa fille Roberta, également peintre, qu’il épouse en juillet 1939.

 

Quelques semaines plus tard, la guerre éclate. Hans HARTUNG, de nationalité allemande -il sera naturalisé français après la guerre- choisit de s’engager aux côtés de la France dans la Légion étrangère, pour combattre le nazisme.

 

 

 

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Sans tittre-1940 Gouache sur papier (31,5x24cm)  (photo 5)

 

 

 

Pendant les 5 ans de guerre, Hans HARTUNG qui n’a guère l’occasion de peindre, réalise cette gouache (photo 5 ci-dessus), soulignant ainsi l’influence de Picasso, dont il a découvert le travail dès 1926 à Dresde. Après l’occupation de la zone libre, Hans HARTUNG s’enfuit en Espagne grâce au soutien financier de sa belle-mère mais aussi, semble-t-il, de Picasso 

 

Après diverses péripéties, il s’engage de nouveau dans la Légion étrangère. Gravement blessé en 1944, il est amputé de la jambe droite…. en deux fois…. dans des conditions dramatiques…. 

 

 

 

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« T1955-18 » 1955 – Huile sur toile    (photo 6)

Museum Folkwang, Essen

 

 

« A la Libération, j’ai fait une peinture dévitalisée. Elle n’avait plus d’élan. A partir de 1946, en revanche c’est assez dramatique, compliqué…. » se souvient Hartung – « Hans Hartung, Autoportrait » 1976.

 

Pour se reconstruire, il reprend ses « vieux » dessins et les agrandit sur une toile, fidèle à sa technique mise au point quelques années plus tôt. Il retravaille également à l’huile des petits formats. 

 

Et « ça marche » ! La reconnaissance arrive. En 1947, première exposition personnelle à Paris, Zurich, la Biennale de Venise, Sao Paulo…. Le succès est là.

 

 

 

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Gros plan de « T1962-U8 » (photo 7)

Voir la photo 1

 

 

 

Désormais figure majeure de l’art abstrait, Hans HARTUNG est farouchement opposé au dogmatisme. Il se tient systématiquement à distance des différentes tendances de l’art abstrait (abstraction de l’avant-guerre, abstraction géométrique, surréalisme…) auxquelles on cherche à le rattacher.

 

Avec cette période d’apaisement et de stabilité des années 50, Anna et Hans se retrouvent et se remarient en 1957, près de 20 ans après leur divorce. 

 

Les étoiles sont dorénavant bien alignées pour Hans HARTUNG. 

 

 

 

 

66ème billet | Exposition « Hans HARTUNG (1904-1989), la fabrique du geste » au Musée d’Art Moderne de Paris 9 1024x625« T1961-H4 » 1961 – Vinylique et pastel sur toile (92 x 150cm) (photo 8)

 

 

 

«Griffonner, gratter, agir sur la toile, peindre enfin me semblent des activités humaines aussi immédiates, spontanées et simples que peuvent l’être le chant, la danse ou le jeu d’un animal qui court, piaffe ou s’ébroue. »

« Hans Hartung, Autoportrait » Paris, 1976.

 

Il enchaine expérimentations et changement radical de méthode. Ainsi, à partir de 1959, il choisit d’agir directement sur la toile avec des couleurs acryliques et vinyliques qui sèchent très vite et peuvent être diluées. Ses peintures grands formats deviennent aussi spontanées que ses dessins l’étaient. Finie la technique de report des dessins.

 

 

 

 

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« T1982-H34 » – 1982 Acrylique sur toile 

Collection P. Sapone, Monaco

 

 

 « Depuis 1970, j’ai le sentiment d’un renouveau. Comme une force, une nouvelle jeunesse qui me sont accordées. Et surtout le besoin de faire de grandes toiles ». Hans Hartung « Autoportrait » Paris 1976.

 

En 1973, Hans (70 ans) et Anna (64 ans) quittent définitivement Paris et s’installent à Antibes où ils construisent leur maison atelier.

 

Des toiles de 2 mètres et plus, des effets de matière contrastés, des lignes, des tâches aux couleurs franches, des dessins multiples sont dorénavant à l’honneur.

 

« Parce que la position face à la vie change, puisque la vie elle-même change tout le temps. En conséquence, il y a toujours autre chose à exprimer et on a toujours envie d’aller plus loin. Ce plaisir de peindre, c’est le plaisir de vivre. On ne peut s’arrêter ». (Extrait d’un entretien avec le journal Libération en 1988).

 

Ses dernières années sont une succession effrénée d’expérimentations grâce à de nouveaux outils (balais, pinceaux chinois, brosses usées…), à une nouvelle technique de projection par tyrolienne, puis par sulfateuse, et aussi à des formats monumentaux.

 

 

 

 

66ème billet | Exposition « Hans HARTUNG (1904-1989), la fabrique du geste » au Musée d’Art Moderne de Paris 12 1024x604« T1987-E26 » 1987 – Acrylique sur toile

 

 

 

En juillet 1987, Anna-Eva meurt, laissant Hans HARTUNG très éprouvé. Certains murmurent alors que ce n’est plus lui, car trop âgé et trop handicapé, qui peint ses toiles gigantesques.

 

Pour leur prouver le contraire, il réalise avec ses assistants un film où on le voit dans un fauteuil roulant intervenir sur une toile avec une sulfateuse, tandis que ses assistants rapprochent ou éloignent le fauteuil de la toile au gré de sa demande. Sa dernière œuvre est datée du 16 novembre 1989. Il s’éteint le 7 décembre 1989.

 

Le travail de Hans HARTUNG est éblouissant, à l’image de sa vie. !

 


 

 

Pour en savoir plus :

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Musée d’Art Moderne de Paris

 

Exposition « HANS HARTUNG, LA FABRIQUE DU GESTE »

 

Jusqu’au 1er mars 2020

 

 

www.mam.paris.fr

 

 

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