« Ferme près de Duivendrecht » 1916 (Huile sur toile 85,6 x108,5cm)
Kunstmuseum Den Haag, legs Salomon B. Slijper, 1971 (photo 1)
L’artiste néerlandais, Piet MONDRIAN, célèbre pour ses peintures abstraites aux lignes horizontales et verticales, ainsi que son goût pour les couleurs primaires, a eu, auparavant, une période figurative. Excellente occasion de découvrir cet aspect méconnu de son travail et de mieux comprendre sa démarche globale. Jolie exposition !
PIET MONDRIAN ET SA QUETE SPIRITUELLE.
Piet MONDRIAN, né en 1872 à Amersfoort, aux Pays-Bas, a eu la chance d’être initié, dès son plus jeune âge, au dessin par son père (pasteur) et à la peinture en plein air par son oncle. A 20 ans, il intègre l’Académie Nationale des Beaux- Arts d’Amsterdam, réputée alors pour son conservatisme.
Ainsi, pendant plusieurs années, MONDRIAN, comme la plupart des artistes hollandais, reste fidèle aux paysages réalistes, bien loin des influences impressionnistes et postimpressionnistes de l’époque.
« Autoportrait » 1912- Fusain sur papier (65 x 45 cm)
Kunstmuseum Den Haag, legs Salomon B. Slijper, 1971 (photo 2)
Cependant, à partir de 1908-1909, MONDRIAN commence à entrevoir que la couleur pure est « un moyen pour exprimer la beauté de la nature ». « Moulin dans la clarté du soleil » (photo 3 ci-dessous) est un exemple magnifique de son évolution. Pour lui, cette nouvelle approche, grâce à la couleur, revêt une dimension spirituelle à laquelle il restera fidèle toute sa vie.
En 1909, MONDRIAN adhère à la Société théosophique d’Amsterdam, soulignant ainsi combien son objectif de peintre est d’ordre spirituel car il cherche à restituer l’essence et la beauté des choses.
« Moulin dans la clarté du soleil »1908 – Huile sur toile (114 x 84 cm)
Kunstmuseum Den Haag, legs Salomon B. Slijper, 1971 (photo 3)
Mais au fil des années, MONDRIAN se rend compte qu’il n’est pas possible d’appréhender la beauté du monde dans son ensemble. Ses œuvres se resserrent alors sur un sujet précis, qu’il simplifie et épure.
Vers 1913, MONDRIAN commence à multiplier les lignes horizontales et verticales jusqu’à faire disparaitre le motif. Par ailleurs, il continue à produire des tableaux figuratifs, comme par exemple les moulins.
« Moulin à vent le soir » 1917 – Huile sur toile (103×86 cm)
Kunstmuseum Den Haag, legs Salomon B. Slijper, 1971 (photo 4)
J’ai eu un immense coup de foudre pour « Moulin à vent le soir » (photo 4 ci-dessus). Le ciel pommelé, lumineux est extraordinaire. Le moulin sombre, imposant, nous surplombe, presque menaçant.
Aucune rupture catégorique entre le figuratif et l’abstrait dans la démarche de MONDRIAN. Il travaillera les deux de concert pendant encore plusieurs années.
“Autoportrait” 1918 – Huile sur toile (88x71cm)
Kunstmuseum Den Haag, legs Salomon B. Slijper, 1971 (photo 5)
Dans son « Autoportrait de 1918 » (photo 5 ci-dessus), MONDRIAN se représente déterminé et sûr de lui, posant devant une toile qui souligne son évolution vers l’abstrait. L’artiste opte ici pour une gamme éteinte, qui rappelle ses débuts mais aussi le cubisme. Ce tableau est une sorte de synthèse de son travail, qui résume son évolution et annonce ses œuvres à venir.
Comme celle avec le damier de couleurs foncées « Composition avec grille 8 » (photo 6 ci-dessous) qu’il réalisera l’année suivante.
“Composition avec grille 8 : composition en damier aux couleurs foncées » 1919
Huile sur toile (84 x 102 cm) – Kunstmuseum Den Haag, legs Salomon B. Slijper, 1971 (photo 6)
Entre 1911 et 1914, il séjourne à plusieurs reprises à Paris -alors capitale mondiale de l’art, ne l’oublions pas !- avant de s’y installer définitivement en 1919.
En 1921, il réalise sur un format carré « Composition » (photo 7 ci-dessous) où les lignes noires, les plans de couleurs primaires, les lignes horizontales et verticales avec angle droit se parlent et se répondent. Ce tableau carré n’a pas de centre car il est noyé dans la couleur rouge. Les lignes noires attirent notre regard, délimitent les couleurs, avant de se perdre -et de nous perdre en quelque sorte- dans le noir de certains carrés. Au final, en regardant cette toile, on voit apparaitre un subtil équilibre.
« Composition avec grand plan rouge, jaune, noir, gris et bleu » 1921
Huile sur toile (59,5 x 59,5 cm)- Kunstmuseum Den Haag, legs Salomon B. Slijper, 1971 (photo 7)
L’équilibre est, si j’ai bien compris, le but ultime de la recherche de MONDRIAN. A travers son travail, il veut exprimer l’équilibre qu’il rêve pour le monde, en ce début du XXème siècle.
En 1938, il s’exile à Londres avant de quitter définitivement l’Europe en 1940 pour les Etats-Unis. Il meurt à New-York en 1944.
Peu après la mort de MONDRIAN, Yves Saint Laurent, passionné d’art, découvre les peintures de MONDRIAN. Il a un choc, une sorte de révélation. En 1965, la fameuse « petite robe » Yves Saint Laurent est née (photo 8 ci-dessus).
La « petite robe » Yves Saint Laurent !
La première rétrospective du travail de MONDRIAN a lieu en 1969, au musée de l’Orangerie à Paris…. quatre ans après le défilé Yves Saint Laurent.
L’actuelle exposition du Musée Marmottan Monet présente donc une soixantaine de peintures de MONDRIAN, dont quelques-unes abstraites. Elles proviennent toutes du Kunstmuseum de La Haye. En 1971, Salomon SLIJPER, principal collectionneur de l’artiste, lègue en effet à ce musée l’ensemble de sa collection d’oeuvres de MONDRIAN.
POUR EN SAVOIR PLUS :
L’exposition « Mondrian Figuratif »
Jusqu’au 26 janvier 2020
Au Musée Marmottant Monet
TRES BELLES FETES !
