UPKA, PIONNIER DE L’ABSTRACTION.
« Autoportrait »1910-Huile sur toile (46x55cm) Prague, Narodni galerie v Praze
Je ne connaissais pas Kupka, mais j’ai eu envie de découvrir son travail en allant à sa rétrospective au Grand Palais. J’en suis sortie impressionnée et extrêmement touchée ! Ce Kupka, dessinateur, coloriste et défricheur est une très belle découverte pour moi.
« Les couleurs jouent dans nos sensations comme autant d’états de lumières. »
Extrait de « La Création dans les arts plastiques » (1910-1913)
Cette phrase de Kupka, à la résonnance très forte pour moi, résume à merveille le travail de sa vie.
I AVANT LES ANNEES 1910
Frantisek KUPKA est né en 1871 en Bohême orientale, alors rattachée à l’Autriche Hongrie. Il fait ses études dans les écoles des Beaux-Arts de Prague (1888-1891), puis de Vienne (1892-1895), où il se spécialise dans la peinture religieuse et historique. Au même moment à Vienne, certains futurs mouvements modernistes, notamment la Sécession viennoise, pointent leur nez et auront une forte influence sur Kupka.
« Le Bibliomane » 1897-Huile sur toile (94x151cm) Prague, Collections du Château de Prague
« Le Bibliomane », une de ses premières œuvres, est très intéressante car elle permet de mieux saisir la personnalité complexe de Kupka. Ce tableau, déjà très maitrisé, est une allégorie où s’opposent la vie contemplative, représentée par le lecteur absorbé par son livre (serait-ce Kupka ?), et la vie active, trépidante, symbolisée par le groupe des trois jeunes filles.
« Epona-Ballade.Les Joies » 1901-Huile sur bois (83,5×126,5cm)-Prague, Narodni galerie v Praze
Quelques années plus tard « Epona-Ballade.Les Joies » exprime, sous un angle comique et sexuellement très…. libéré, la vie réelle. Ce fut d’ailleurs pour moi l’occasion d’apprendre qu’Epona est le nom de la déesse gauloise des chevaux et de la fertilité.
Malgré un succès naissant, Kupka doit survivre ! Dessinateur pour la presse (quotidiens illustrés, magazines de mode, revues politiques et satiriques) cette activité marche très bien.
« 10 La Vache » 1910- Huile sur toile (79,5×72 cm)- Prague, Museum Kampa-Nadace Jana a Mzdy Mladkovych
Kupka a notamment des commandes de dessins liées à la mythologie grecque. Il se plonge alors dans cet univers pour mieux l’appréhender et réalise une série de peintures « Les Gigolettes » (1908 à 1911) dans lesquelles il réalise des silhouettes de prostituées toujours très maquillées, qui s’inspirent notamment de l’art crétois. Très présentes, un peu caricaturales, elles m’ont « tapé » dans l’œil !
II A PARTIR DES ANNEES 1910
Vers 1906, Kupka ressent que son travail atteint ses limites lorsqu’il le compare aux œuvres des artistes « fauves ». Il décide alors de se débarrasser de sa « vaine imitation de la réalité ».
Sacré défi, absolument passionnant, que Kupka n’a pas relevé en quelques jours !!
« La Gamme Jaune » 1907-Huile sur toile (79x79cm) – Paris, Centre Pompidou – Don d’Eugénie Kupka-1963
Coup de cœur pour les prémices de cette évolution avec notamment son autoportrait « La gamme jaune » 1907 (voir photo ci-dessus) et « Grand Nu-Plans par couleurs » 1909-1910 (voir photo ci-dessous). Ma sensibilité est totalement sous « le charme » de ces œuvres.
« Grand Nu, Plans par Couleurs » 1909-1910 – huile sur toile (150,2×180,7cm)-New York, Solomon R. Guggenheim Museum
« Le chemin que j’ai parcouru jusqu’à présent dans tous ses zigzags m’apparait allant bien droit à la carrière que je commence » expliquait Kupka vers 1911-1912. Beau résumé de son travail, qu’il n’a cessé, tout au long de sa vie d’artiste, de remettre en cause, pour passer à une étape suivante.
En 1912, le Salon d’Automne donne à notre artiste l’occasion d’exposer deux de ses dernières réalisations, dont « Amorpha, fugue à deux couleurs » (photo ci-dessous). Il semblerait qu’elles seraient les deux premières œuvres non-figuratives à avoir été exposées au grand public. Vous pouvez imaginer les réactions et commentaires qui s’ensuivirent !
« Amorpha, fugue à deux couleurs » 1912-Huile sur toile (211x220cm)- Prague, Narodni galerie v Praze
Après la première guerre mondiale, Kupka reprend ses recherches et réalise, entre autres, « Réminiscence d’une cathédrale » 1920-1923 (ci-dessous) qui m’a séduite par ses lignes verticales et ses touches de couleurs qui rappellent des vitraux.
« Réminiscence d’une cathédrale » 1920-1923- Huile sur toile (149,9x94cm)- Chicago, The Art Institute of Chicago.
Il passe par différentes phases, dont les “Machinismes” qui m’ont laissée ….indifférente. Ses chemins croisent ceux du néerlandais Theo Van Doesburg, fondateur du mouvement De Stjil avec Piet Mondrian, et seront à l’origine d’une belle amitié. Leur influence sur Kupka sera déterminante. Et pour la première fois, il qualifiera ses peintures d’abstraites (voir ci-dessous). Il continue de cheminer.
« Peinture abstraite » 1930 –Huile sur toile (125×85 cm)- Prague, Narodni galerie v Praze
Avant la seconde guerre mondiale, Kupka commence à bénéficier d’une reconnaissance internationale et nationale, qui est coupée net par l’actualité internationale dévastatrice. En 1945, il sort de cette épreuve très affaibli physiquement et psychologiquement. Ce qui ne l’empêche pas de continuer de travailler et d’innover. Il restera un défricheur jusqu’à la fin de sa vie.
« Autre construction N°2 » 1951-1952-Huile sur toile (99x80cm)- New York, Solomon R. Guggenheim Museum
Il expose à plusieurs reprises au Salon des Réalités Nouvelles, dont l’édition de 1953 organisera un « Jubilé Kupka » où il présentera notamment « Autre construction N°2 ». Il sera nommé Président d’honneur de ce Salon en 1956, un an avant sa mort.
« Kupka, Pionnier de l’abstraction »
Exposition au Grand Palais
Du 21 mars au 30 juillet 2018
« Album de l’Exposition
Kupka, Pionnier de l’abstraction »
Edité par la Réunion des Musées Nationaux