PEINTURES DES COLONIES FRANÇAISES
Le musée du Quai Branly présente jusqu’au 6 janvier 2019 (vous avez le temps …) quelques 200 peintures de sa collection, dans une exposition intitulée « Peintures des Lointains ».
« Duco Sangharé, Peul » Ferdinand LANTOINE-vers 1930-Huile sur toile (85,1×60,2cm)
I Coups de cœur !
Déçue par cette exposition, mais étant d’un naturel positif, j’ai choisi de commencer ce billet en « beauté » avec les tableaux « Duco Sangharé, Peul » (photo ci-dessus) et « Fatou, sénégalaise » (photo ci-dessous). Fernand LANTOINE a peint ces deux toiles.
La toile « Duco Sangharé, Peul » entame en beauté ce billet. Les carreaux blancs et sombres répondent à la robe aux rayures blanches et sombres de cette femme Peule, toute en élégance avec son port de tête majestueux, ses mains longilignes et fines, surlignées par des bracelets. Son regard perçant nous fixe, calmement, froidement.
« Fatou, Sénégalaise » Fernand LANTOINE (1876-1956) Vers 1936-Huile sur toile
« Fatou » m’a fascinée par l’élégance innée du modèle, soulignée par le jeu de couleurs tranchées. Un fond ocre rapidement brossé, le blanc de la tunique contraste avec la peau sombre de la femme et avec l’éclat rouge des perles de son collier : Magnifique !
Peintre officiel de la Marine, Fernand LANTOINE rapporte de ses navigations lointaines d’innombrables sujets d’inspiration. Il voyage notamment au Sénégal, où il a peint le portrait de cette femme vers 1936.
« Frise de personnages » Marie-Antoinette Boullard-Devé (1887-1966) vers 1930 – Gouache et huile sur papier
Le cortège ci-dessus, que j’ai trouvé très intéressant, fait partie d’un vaste ensemble peint pour l’Exposition Coloniale internationale de 1931. Longue de plus de 40 mètres, la frise prenait place à l’intérieur du pavillon de l’Indochine. Elle représente les différentes populations des territoires sous domination française en Asie du Sud-Est, dans lesquels Marie-Antoinette BOULLARD-DEVE a séjourné à plusieurs reprises.
II Peintures des Colonies Françaises
L’intérêt de cette exposition est de nous permettre de « découvrir » ces colonies rattachées à la France, de la fin du XVIIIème jusqu’au milieu du XXème siècle. Colonies qui fascinaient tant les Français d’alors.
« Soumission du Maroc » Paul DUPUY – Vers 1930-1931-Huile sur toile
Ce tableau a été peint pour l’Exposition coloniale internationale de 1931. Paul Dupuy représente la reddition du chef rebelles Sidi M’Ha Ahansali devant le colonel Noguès le 27 juin 1923.
Avant de faire partie de la collection du Quai Branly en 2006, ces 200 œuvres appartenaient au Musée permanent des Colonies, situé porte Dorée, édifié pour l’Exposition coloniale internationale de Paris de 1931. En 1935, ce musée change de nom, et devient le Musée de la France d’outre-mer. Nouveau changement en 1960, ce musée s’appelle alors le Musée des Arts africains et océaniens.
Huit millions de visiteurs se sont pressés au Bois de Vincennes entre mai et novembre 1931 à l’Exposition coloniale internationale de Paris. Les Français n’étaient pas indifférents aux épopées coloniales de leur pays !!
« Rade de Nouméa » Paul MASCART (1874-1958) – Vers 1931 Huile sur toile
Outre son travail dans l’administration des douanes en Normandie, Paul Mascart se consacre à sa carrière de peintre. En 1929, il est envoyé en Nouvelle Calédonie, colonie française depuis 1853. Il y passe 5 ans avec sa famille, dont son jeune fils Roland, lui aussi peintre.
Cette « expo » est donc, en quelque sorte –et c’est ce qui la rend intéressante- un plongeon dans l’histoire « coloniale » de notre pays.
Dans son article intitulé « L’Art au temps des colonies » (6 février 2018) le journal « Le Monde » souligne avec justesse : «…..exposition pudiquement intitulée « Peintures des Lointains » qui devait s’appeler « Exotisme et colonialisme dans la peinture française ». « Politiquement correct » quand tu nous tiens !
« L’Ile de Djerba » André SUREDA (1872-1930) Vers 1926 Huile sur toile
André SUREDA effectue son premier voyage en Afrique du Nord en 1896, à l’occasion du mariage de sa sœur en Algérie. Il séjourne par la suite à de nombreuses reprises en Algérie, Tunisie et Maroc, établissant son atelier à Alger notamment. En 1925, il se rend à Djerba et dessine de nombreuses mosquées de l’ile.
Je suis sortie de cette exposition « un peu » énervée ! Notamment, mais pas uniquement, parce que ces peintures, de qualité très inégale, sont mal présentées par manque de recul, de place, mauvais éclairage ..… Et également -je vais être un peu « provoc »- parce que les peintres de ces différentes œuvres ayant puisé leur inspiration dans la colonisation française, pourquoi ne pas assumer cette réalité et appeler –tout simplement- cette exposition « Peintures des Colonies Françaises » ?
-Exposition « Peintures des Lointains.
La collection du musée du Quai Branly-Jacques Chirac »
Jusqu’au 30 janvier 2019 – Mezzanine ouest
