« Madame Corot, mère de l’artiste, née Marie-Françoise Oberson »
vers 1835-1840-Huile sur toile 40,6×32,8cm, Edimbourg, National Galleries of Scotland.
UNE VISITE AU MUSEE MARMOTTAN MONET
Jusqu’au 8 juillet, le Musée Marmottan Monet expose une soixantaine de portraits et de nus de Camille COROT. Exposition enrichissante qui permet de découvrir une nouvelle facette de ce peintre paysagiste et de se promener dans ce joli musée…
I Des portraits et des nus
Jean-Baptiste Camille COROT (1796-1875) est reconnu mondialement pour ses paysages. En effet, il avait une prédilection pour le travail en plein air, tournant ainsi le dos au « paysage historique ». Il voulait peindre la nature « en direct ». Pour devenir, au fil des années, reconnu comme un des fondateurs de l’école de Barbizon.
Mais Corot avait également un immense talent pour peindre des figures. Cette exposition est une excellente occasion de le découvrir. Tous les genres humains l’intéressaient.
Et notamment les enfants, comme ce portrait de « Louis Robert » (ci-dessous) que vous accueille dès l’entrée de l’exposition. Beau portrait qui saisit « l’essentiel » de cet enfant, sans hésiter à apporter une touche de naïveté, voire de maladresse, pour accentuer cet effet.
« Louis Robert, enfant (1841-1877) et fils de François Parfait Robert, ami de Corot »-Vers 1843-1844
Don de Christian et Maurice ROBERT-Musée du Louvre, département des Peintures
Edgar DEGAS estimait que « Corot était un grand portraitiste, plus talentueux encore dans ce domaine que dans celui du paysage ». Alors, si Degas le pense …. Par-dessus tout, Corot voulait exprimer son imagination, sa créativité, et ce qu’il ressentait en regardant son modèle.
Il réalisa de nombreux portraits, souvent de petit format. Il choisissait ses modèles parmi ses proches (famille, amis…), une façon aussi de garder sa liberté par rapport aux commandes. Pour remercier, il donnait ensuite son tableau au modèle. Sa mère, par exemple, l’a aussi beaucoup inspiré (voir la première photo).
« Jeune Italien assis » Vers 1825-1827 – Huile sur papier marouflé sur toile, 23,5 x 29,3 cm
Reims, musée des Beaux-Arts
Cette toile « Jeune Italien assis » serait une des premières figures que Corot aurait réalisée indépendamment d’une peinture de paysages. En effet, il aimait intégrer des personnages, de taille variée, dans ses paysages.
Détail amusant : pour réaliser ses figures, notre peintre utilisait souvent du papier, qu’il travaillait à l’huile, avant de le coller sur une toile. Cette démarche souligne que Corot ne veut pas réaliser une composition préalablement réfléchie, mais veut peindre en répondant à son instinct en utilisant un support moins couteux. Et sur lequel il écrivait directement, comme on peut le voir sur les deux toiles, ci-dessus et ci-dessous.
« Marietta ou l’Odalisque romaine » 1843, huile sur papier marouflé sur toile, 29 x 44 cm
Paris, Petit Palais, musée des Beaux-Arts de la Ville de Paris
« Marietta », peinte sur du papier, était avant tout un exercice, car disait Corot « l’étude du nu…..c’est la meilleure leçon qu’un paysagiste puisse prendre ». Une étude, peut-être, mais quelle splendeur !
Le coup de pinceau est rapide, nerveux, les teintes délicates et subtiles, surlignées par un coup de crayon incisif, comme celui le long de la cuisse. Ce nu – si j’ai bien compris – serait le seul de Corot qui ne soit pas un prétexte allégorique ou mythologique. Ce qui n’est pas pour me déplaire, je l’avoue, n’étant pas une « fan » de ce genre de peintures. Sous-titrée « l’Odalisque romaine » elle évoque les odalisques d’Ingres. Cette toile, réalisée à Rome, n’a jamais été exposée du vivant de l’artiste.
Après « Marietta » j’ai eu envie de présenter « Mère Marie-Héloïse des Dix Vertus », également très forte dans un genre…très différent !
« Mère Marie-Héloïse des Dix Vertus, ancelle du monastère de l’Annonciade à Boulogne-sur-Mer, née Héloïse Geneviève Gruselle »
1852-Huile sur bois – Legs de Mme Georges Gautier-Musée du Louvre, département des Peintures
Si vous allez voir cette exposition, qui en vaut la peine, vous aurez ainsi la chance d’admirer de nombreuses autres représentations de figures de Corot, dont certaines très belles.
Mais, j’avoue avoir survolé nombre d’entre elles. Le manque de recul (impossible de faire plus d’un pas en arrière), d’espace (que de toiles présentées sur un même mur…. pas si grand) et les couleurs (je rêve de blanc) des salles d’exposition de ce Musée l’expliquent peut-être ?
II Monet, Berthe Morisot….
Ayant encore un peu de temps devant moi, je n’ai pas résisté à l’envie de faire un petit tour dans ce musée, dont j’aime l’atmosphère intimiste. Ce n’est pas très compliqué, car en sortant de cette exposition, vous débouchez directement dans la salle, vaste et aux murs blancs (elle !), où se situe la collection Claude Monet (1840-1926).
Excellente occasion de revoir son œuvre et notamment ses « Nymphéas » de Giverny. Je ne m’en lasse pas. Je suis fascinée par les vibrations des couleurs. La lumière ruisselle sur les nénuphars, éclabousse l’eau. Même cette mauvaise photo (désolée !!) exprime cet éblouissement. C’est dire le talent de l’artiste ….
« Nymphéas » 1916-1919 Claude MONET – Huile sur toile
Legs Michel Monet, 1966
Puis j’ai filé au 1er étage, désireuse de jeter un rapide coup d’œil aux œuvres de Berthe Morisot (1841-1895). J’ai toujours eu un faible pour son travail, imprégné de sa perception sensible, féminine.
« Enfants à la vasque » 1886 – Huile sur toile (61 x 81,3 cm)
Legs Thérèse Rouart, 1996
Deux legs de la famille, en 1993 et 1996, au Musée Marmottan Monet ont permis de constituer ce bel ensemble sur Berthe Morisot. Chaque fois, je suis frappée par ses touches, longues, nettes et souples, qui modèlent les formes.
« La petite Marcelle » Berthe Morisot 1895 – Huile sur toile
Legs Annie Rouart, 1993-Fondation Denis et Henri Rouart
En 1881, le critique d’art Gustave Geffroy soulignait combien, chez Berthe Morisot, «le rose, le vert pâle, la lumière vaguement dorée, chantent avec une harmonie inexprimable. Nul ne représente l’impressionnisme avec un talent plus raffiné, avec plus d’autorité que Mme Morisot ».
Berthe Morisot est morte de la grippe en 1895, elle n’avait que 54 ans. Ce portrait de « La petite Marcelle », exposé au musée Marmottan Monet depuis 1993, restera donc inachevé.
« Corot, le peintre et ses modèles »
Jusqu’au 8 juillet 2018
Musée Marmottan Monet
