« Portrait de Jean-Michel Basquiat » Lee JAFFE 1983
LLC. Courtesy ol LW Archives, New York
(Photo de photo, prise avec mon portable)
Exposition de Jean-Michel Basquiat à la Fondation Louis Vuitton, en parallèle avec celle d’Egon Schiele (voir mon 48ème billet : https://francoiserevol-oquin.com/egon-schiele-a-la-fondation-louis-vuitton/) jusqu’au 14 janvier 2019.
Cette exposition mérite le détour, car elle permet d’avoir une vision globale du travail du jeune Basquiat, qui m’a surtout fasciné par sa puissance qu’il utilise notamment pour dénoncer le racisme. J’aime beaucoup son travail, que je trouve très personnel, novateur et puissant. Mais, à la différence d’Egon Schiele, mort au même âge, Jean-Michel Basquiat lorsqu’il meurt à 28 ans n’avait pas renouvelé son style.
Comment aurait-il évolué s’il n’était pas mort aussi jeune ?
JEAN-MICHEL BASQUIAT, UNE VIE AUSSI COURTE QUE FULGURANTE !
Le 22 décembre 1960, il y a exactement 58 ans, Jean-Michel Basquiat voyait le jour à New York. Son père, Gérard, haïtien, et sa mère, Mathilde Andrades, d’origine portoricaine, appartiennent à la petite bourgeoisie. Cette dernière, qui sent très vite l’intérêt de son fils pour l’art et qui remarque son aisance en dessin, l’emmène régulièrement dans les musées new yorkais.
I « 80% de colère dans mes œuvres ! » explique Basquiat.
« Untitled » 1982 – acrylique, peinture aérosol et crayon gras sur toile (183,2x173cm)-Collection Yusaku Maezawa, Chiba, Japon
En mai 1968, Michel, renversé par une voiture, subit une ablation de la rate. Peu de temps après, un autre traumatisme s’abat sur lui : ses parents divorcent. Il commence à fuguer.
« Sans titre (Car Crash) » 1981 – acrylique et crayon gras sur toile, supports en bois apparents (109×180,5cm) – Collection particulière
La colère commence à bouillonner en lui. A ce moment-là, Basquiat découvre le graffiti. Avec un de ses amis, Albert Diaz, ils couvrent les murs d’inscriptions et créent le personnage, SAMO, ce qui signifie Same Old Shit ! Tout est dit !!
A 18 ans, il quitte définitivement le nid familial. Pour s’en sortir financièrement, il vend des cartes postales, des T-Shirts peints à la main. Son charme à la beauté ténébreuse, atout non négligeable, l’aide.
Jean-Michel Basquiat est aussi musicien. A 18 ans, il fonde avec des amis un groupe musical « Channel 9 », rebaptisé plus tard « Gray ».
« Now’s the Time » 1985 – Acrylique, crayon gras et huile sur contreplaqué (235 cm)- Collection The Brant Foundation, Greenwich, Connecticut, Etats-Unis
Il y joue de la clarinette, du synthétiseur et de la guitare avec une lime. Tout au long de sa courte vie, la musique l’habitera. Ses goûts éclectiques le mènent de Donna Summer à Bach, de Beethoven à la musique créole…. Des milliers de disques ont été trouvés à sa mort dans son appartement.
Curieux, cultivé, il séduit les personnes qu’il croise. Il rencontre des écrivains, des cinéastes, mais aussi l’artiste Keith Haring, l’historien d’art et conservateur au Met, Henry Geldzahler, qui deviendra d’ailleurs un de ses premiers collectionneurs.
C’est à lui, dans un entretien en 1983, que Basquiat explique: « mon œuvre est composée à 80% de colère ». Et sa colère, on la sent vibrer dans ses oeuvres.
Sa colère, tellement légitime, est liée à la ségrégation raciale, au racisme, à la place des Noirs dans la société américaine et dans l’histoire de l’art. Basquiat est génial, car il a été un des premiers à l’exprimer avec autant de puissance. Grâce à ses peintures, il a dénoncé avec humour , talent et une grande culture générale, le racisme.
« Cassius Clay » 1982 – Acrylique et crayon sur toile (106,7×104,1cm)
Collection Bischofberger, Männedorf-Zurich
Les boxeurs noirs font partie de ses héros. Comme Cassius Clay, plus connu sous le nom de Mohammed Ali. Les combats de ces boxeurs représentent, à ses yeux, un défi aux préjudices raciaux et aux injustices sociales de l’Amérique du XXème siècle, y compris celle de la guerre du Vietnam. Le châssis de cette toile est une palette de manutention. La toile peinte déborde volontairement, devenant ainsi un objet. Basquiat aurait ainsi voulu faire une analogie entre la figure du boxeur et l’aspect de cette œuvre.
II 1980 à 1988 : le succès !
1980 marque un tournant clé pour le jeune Jean-Michel Basquiat : il expose pour la première fois, avec un collectif d’artistes, au Times Square Show.
« The Field Next to the Other Road” 1981-Acrylique, peinture-émail aerosol, crayon gras, peinture métallique et encre sur toile
Collection Mugrabi
A la même période, il peint une de ses plus grandes toiles, « The Field Next to the Other Road », qui fait 4 mètres de long en diagonale. Pour la première fois apparait une figure humaine en pied. Elle est accompagnée d’une vache monumentale. On retrouve également tous les symboles présents dans toute son œuvre : la couronne d’épines en forme d’auréole, la tête de mort, l’anatomie interne du corps….
L’univers culturel de Basquiat est fascinant, car très vaste. Curieux de tout, il absorbe ce qu’il entend (émissions, concerts…), ce qu’il lit, ce qu’il croise… Ses références sont musiciennes, littéraires, historiques, artistiques….
De 1980 à 1988, année de sa mort, Jean-Michel Basquiat, enchaine à un rythme frénétique les expositions, aux Etats Unis et dans le monde. Le succès est là.
« Sans Titre » 1982 – Acrylique et crayon gras sur bois (182,8×121,9cm »
Collection particulière
En 1982, il expose à la Documenta de Kessel aux côtés de Kiefer, Warhol, Twombly, Richter… Il est le plus jeune artiste.
En 1983, il participe à la Biennale du Whitney Museum, puis en 1984 à l’exposition « Figuration libre France-USA 5/5 » à l’ACR/Musée d’Art moderne de la ville de Paris. C’est à cette période que Jean-Michel Basquiat et Andy Warhol se rencontrent. Pendant les deux ans que durera leur amitié, ils réaliseront ensemble une centaine de toiles, dont « Eiffel Tower », en souvenir d’un voyage qu’ils ont fait ensemble à Paris. En 1985, Basquiat décide de ne plus voir son ainé après avoir entendu dire que ce dernier le considère comme une simple mascotte…..
En 1986, il expose, à sa demande, à Abidjan : il souhaite fouler la terre de ses ancêtres.
En 1987, après le choc ressenti en apprenant la mort de Warhol, il se lance éperdument dans le travail. Deux années de suite, en 1987 et 1988, il expose à Paris, mais également à Düsseldorf, Soho, New York….
« Riding with Death » 1988 – Acrylique et crayon gras sur toile (249×289,5cm) – Collection particulière
Jean-Michel Basquiat meurt le 12 août 1988, quelques mois après avoir fini la toile « Riding with Death » qu’il avait réalisée pour une exposition qui se tenait à New York du 29 avril au 11 juin 1988. Prémonition ou non ?
Je suis persuadée que vous êtes nombreux déjà à avoir vu cette exposition, largement considérée comme « la grande exposition » parisienne du dernier trimestre de l’année 2018. Généralement de tailles très imposantes, les toiles de Basquiat ressortent bien sur les grands murs blancs de la FLV. Mais je suis ressortie avec un fort sentiment de saturation, car, à mon avis, trop de toiles sont présentées. Certaines sont superbes, mais toutes ne le sont pas. Même si c’est une rétrospective, toutes ne méritaient pas d’être accrochées. Dommage, car cette exposition est vraiment intéressante.
« Je vous souhaite de très heureuses fêtes de fin d’année et une belle année 2019, riche en expositions passionnantes ! »
FrancescArts
Exposition JEAN-LOUIS BASQUIAT et Egon SCHIELE
Jusqu’au 14 Janvier 2019
Fondation Louis Vuitton à Paris
www.fondationlouis-vuitton.com